MONTRÉAL — Le fabricant suédois de batteries Northvolt se voit dans l’obligation de modérer sérieusement ses ambitions et réajuster son plan stratégique pour réduire ses coûts, en se concentrant uniquement sur la fabrication de cellules de batteries.
L’entreprise assure qu’elle «maintient ses engagements» pour la construction des trois autres grands projets, dont une usine de cellules sur la Rive-Sud de Montréal, mais qu’elle en dévoilera le nouvel échéancier plus tard cet automne «ainsi que toute autre action nécessaire pour réduire les coûts».
Des coûts trop élevés
Dans un communiqué rendu public lundi matin, la jeune pousse ne cache pas qu’elle doit «réduire ses coûts et explorer de futurs partenariats stratégiques», une admission assez claire qu’elle ne peut plus continuer à investir les sommes colossales qu’elle avait engagées dans de multiples projets menés simultanément.
Ainsi, en Suède, elle annonce qu’elle abandonne le projet de fabrication de cathodes à Borlänge et qu’elle met sur pause les activités liées aux cathodes dans son usine-mère de Skellefteå, qui sera désormais concentrées sur les cellules.
L’entreprise se cherche par ailleurs un partenaire pour soutenir son usine de batteries située à Gdansk, en Pologne.
Mises à pied
Ces décisions se traduiront par des mises à pied qui ne sont pas chiffrées et que l’entreprise présente comme «un ajustement approprié de ses besoins en main-d’œuvre». Le cofondateur et président-directeur général de la firme, Peter Carlsson, parle de «mesures difficiles pour sécuriser les fondations des opérations de Northvolt, afin d’améliorer notre stabilité financière et renforcer notre performance opérationnelle».
Peter Carlsson avait reconnu dans les derniers mois que l’entreprise avait peut-être vu un peu trop grand, d’une part, mais Northvolt s’est d’autre part heurtée, comme plusieurs autres entreprises dans le domaine, à une baisse marquée de l’engouement pour les véhicules électriques qui a amené les constructeurs automobiles à réduire leur rythme de production.
M. Carlsson se montre toutefois toujours confiant: «Bien que les conditions actuelles soient exigeantes, il ne fait aucun doute que la transition mondiale vers l’électrification est en marche et que les perspectives à long terme pour les fabricants de cellules, y compris pour Northvolt, sont solides.»
Impact prévisible au Québec
Cette décision de se concentrer uniquement sur les cellules risque d’avoir un impact significatif sur le méga-projet d’usine de Northvolt sur l’immense terrain qui chevauche Saint-Basile-le-Grand et McMasterville, bien que l’entreprise assure qu’il est toujours en cours de réalisation. Le projet de 7 milliards $, envers lequel les gouvernements fédéral et provincial se sont engagés à hauteur de 2,4 milliards $, comportait initialement trois volets, soit la fabrication de cellules, de cathodes et le recyclage de batteries.
Puisque l’on cesse les activités liées aux cathodes en Suède, il serait étonnant qu’on poursuive cette avenue au Québec. Il faudra attendre les annonces de Northvolt, à l’automne, avant de connaître ses intentions face à cette activité ainsi que celle de recyclage.
Québec aux aguets
Du côté de Québec, le cabinet de la ministre de l’Économie et de l’Énergie, Christine Fréchette, a fait parvenir à La Presse Canadienne la déclaration suivante: «Nous avons eu des échanges avec Northvolt. Northvolt nous assure que leur projet d’usine au Québec n’est aucunement remis en cause et qu’il demeure une priorité.»
«La ministre entend suivre le dossier de près. Les sommes que nous avons injectées dans ce projet sont conditionnelles à l’avancement du projet et à ses retombées. C’est exceptionnel ce qu’on est en train de créer au Québec avec la filière batterie.»