Pierre Poilievre n’investirait «pas une cenne» du fédéral pour un tramway à Québec

Mathieu Paquette, La Presse Canadienne
Pierre Poilievre n’investirait «pas une cenne» du fédéral pour un tramway à Québec

Un gouvernement fédéral conservateur dirigé par Pierre Poilievre n’investirait «pas une cenne d’argent fédéral» dans un projet de tramway à Québec.

C’est ce que le chef conservateur a affirmé jeudi matin, dénonçant une «guerre à l’auto» menée par le gouvernement libéral et le Bloc québécois.

Selon lui, les libéraux et les bloquistes sont «obsédés» par cette lutte contre les automobilistes. Du même souffle, il a accusé les deux partis d’ignorer les gens des banlieues et des régions.

«Les conservateurs de gros bon sens continueront de respecter les automobilistes québécois en appuyant un troisième lien pour les voitures», a-t-il écrit dans une publication sur le réseau social X.

Dans son «Plan CITÉ», dévoilé mercredi, la Caisse de dépôt et placement du Québec a recommandé un projet de tramway, un système rapide par bus (SRB) et des voies réservées pour améliorer la mobilité dans la région de Québec.

La Caisse suggère aussi de construire un tunnel sous le fleuve entre Québec et Lévis, mais qui serait uniquement réservé à une ligne de tramway. À son avis, rien ne justifie la construction d’un troisième lien autoroutier du point de vue de la mobilité.

Le réseau de tramway de 28 km représenterait des coûts de 7 milliards $, tandis que le tramway en tunnel aurait un coût estimé à près de 4 milliards $, en dollars d’aujourd’hui.

Selon M. Poilievre, «même s’il n’y a pas de dépassement de coûts, (ces) 11 milliards $ pour le tramway coûteraient 28 000 $ à chaque famille de la grande région de Québec».

De son point de vue, il s’agit de «plus de taxes pour un projet dont les gens ne veulent pas».

«Si on pose la question aux familles dans la région de Québec: « Voulez-vous 28 000 $ ou voulez-vous un tramway dans dix ans? » Moi je pense que la décision est claire», a-t-il déclaré jeudi matin à la Chambre des communes.

«Les gens de Québec veulent l’argent de leurs poches. Ils veulent un troisième lien pour lier les deux côtés du fleuve. C’est ça le gros bon sens et nous sommes le seul parti qui est de cet avis», a-t-il soutenu.

Ottawa demeure favorable

Les voies réservées et le SRB sont quant à eux évalués à environ 4,5 milliards $, ce qui porterait la facture totale à au moins 15,5 milliards $ pour l’ensemble du projet.

Par le passé, le gouvernement fédéral, dirigé par le Parti libéral, s’est engagé à financer une partie des coûts du projet de tramway. À l’opposé, il a toujours refusé de financer un projet autoroutier de troisième lien.

Depuis le début de la semaine, les échos provenant d’Ottawa semblent suggérer que les libéraux sont toujours disposés à payer une portion de la facture du projet de tramway.

«Nous, on a mis de côté 1,4 milliard $ pour un projet structurant. Il reste là, et moi je veux que cet argent reste à Québec, parce qu’il y a des besoins criants», a notamment affirmé le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, lors d’une mêlée de presse ayant eu lieu mardi.

À Québec, le gouvernement provincial a annoncé jeudi qu’il donne le feu vert à la première phase du projet de tramway, mais qu’il compte aussi construire un troisième lien pour les véhicules routiers.

Questionné sur le fait qu’à Ottawa, les libéraux soutiennent uniquement le tramway et que les conservateurs financeraient seulement le troisième lien, le premier ministre François Legault a fait valoir qu’il est possible de faire les deux.

«Moi, je vais travailler avec le gouvernement fédéral, avec le parti qui sera au pouvoir, et ce que j’espère, c’est que peu importe le parti qui sera au pouvoir, on va être capable d’aller chercher une contribution pour les deux projets qui sont importants pour les gens de Québec, les gens de Chaudière-Appalaches», a-t-il dit.

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