MONTRÉAL — Le gouvernement provincial a publié son Plan nature 2030, une feuille de route dotée d’un budget de 922 millions $ qui doit permettre au Québec d’atteindre la protection de 30 % de son territoire dans les prochaines années.
Actuellement, le Québec protège environ 17 % de son territoire et le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a convié les médias lundi matin au parc des Îles-de-Boucherville afin de présenter la stratégie pour arriver à protéger 30 % de la biodiversité.
Tout près de 1 milliard $ seront consacrés à l’atteinte de cet engagement dans les prochaines années, une somme qui avait déjà été annoncée à travers différentes communications du gouvernement depuis 2022.
La préservation de 30 % des terres et des océans est l’objectif phare de l’accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité signé en 2022 et des consultations ont eu lieu dans les derniers mois afin de trouver les moyens d’atteindre cette cible.
Trois axes, 14 cibles et 33 objectifs
Le plan comprend trois grands axes d’intervention.
Ainsi, 466,9 millions $ seront consacrés à la conservation de la nature, 360 millions $ serviront à améliorer l’accès à la nature et 95,7 millions $ iront pour mobiliser les citoyens à protéger le patrimoine naturel.
Ces trois axes se déclinent en 14 cibles et 33 objectifs.
Chacune de cibles du Plan nature comprend une multitude d’actions qui seront financées pour arriver à protéger 30 % de la biodiversité, par exemple bonifier le réseau d’aires protégées ou encore créer de nouveaux parcs nationaux.
«D’ici les prochaines années, avec l’argent disponible, on parle de la création de trois nouveaux parcs et l’agrandissement de cinq existants», a indiqué Benoit Charette en faisant référence à la création éventuelle du parc Côte-de-Charlevoix, à la Malbaie, du parc des Dunes-de-Tadoussac, sur la Côte-Nord, et du parc Nibiischii, dans le Nord-du-Québec.
Également, le parc du Bic, le parc des Îles-de-Boucherville, le parc de Plaisance, le parc du Mont Orford et le parc du Mont-Saint-Bruno sont parmi ceux qui devraient être agrandis au cours des prochaines années.
La liste d’actions à poser pour atteindre les objectifs de protection de la biodiversité est très longue, selon le Plan nature. En voici quelques exemples: réduire l’utilisation de pesticides en agriculture, dresser un portrait des espèces menacées ou vulnérables au Québec et protéger leurs habitats, promouvoir la conservation et l’utilisation durable des forêts privées et soutenir les propriétaires forestiers à cette fin, prévenir l’introduction de nouvelles espèces exotiques envahissantes et de nouveaux organismes pathogènes sur le territoire, appuyer le développement d’outils facilitant la divulgation des impacts des entreprises et des investisseurs en matière de biodiversité.
Un plan plutôt bien accueilli
L’organisation Nature Québec a salué le Plan nature et la «volonté du gouvernement d’impliquer l’ensemble de la société» dans sa mise en œuvre.
Nature Québec est toutefois d’avis que l’aménagement forestier est l’angle mort du plan.
Dans un communiqué, l’organisation souligne que «92 % de la forêt québécoise est en terres publiques, et que le déclin alarmant des populations de caribous forestiers et montagnards est le signe que la gestion de la forêt n’est actuellement pas durable, contrairement à ce qui est affirmé dans le Plan nature».
C’est un plan «globalement cohérent», mais qui «évite sciemment l’enjeu de la gestion des forêts», selon Marie-Audrey Nadeau Fortin, analyste biodiversité chez Nature Québec.
La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) a également bien accueilli le plan du gouvernement, en soulignant notamment la pertinence d’assortir la stratégie gouvernementale à des cibles mesurables conformes aux exigences du Cadre mondial de la biodiversité.
«Nous constatons néanmoins que le Plan nature 2030 omet un élément clé pour le maintien de la biodiversité. Une révision en profondeur de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables, qui permettrait d’accélérer l’identification et la protection des habitats essentiels, est attendue depuis longtemps», a indiqué Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la SNAP Québec.
Le plan, un document de 72 pages, rappelle qu’il est urgent d’agir sur les menaces causant les pertes de biodiversité planétaire.
Le document cite différents rapports, dont l’un de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui indique que «75 % de la surface terrestre est maintenant altérée de manière significative par l’activité humaine, 60 % des populations de vertébrés ont disparu dans les 50 dernières années et un million d’espèces sont menacées d’extinction ou le deviendront au cours des prochaines décennies, à moins que des mesures ne soient prises pour réduire l’intensité des facteurs à l’origine du déclin de la biodiversité».