Port de Montréal: risque de lock-out dimanche, pas de rapprochement en médiation

Lia Lévesque, La Presse Canadienne
Port de Montréal: risque de lock-out dimanche, pas de rapprochement en médiation

MONTRÉAL — Alors que l’Association des employeurs maritimes a prévenu qu’elle décréterait un lock-out des débardeurs du port de Montréal dimanche, l’intervention du Service de médiation et de conciliation du fédéral, vendredi avant-midi, n’a pas permis de rapprocher les parties.

La section locale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) affilié à la FTQ, qui représente les 1200 débardeurs, et l’Association des employeurs maritimes ont passé deux heures au Service de médiation et de conciliation fédéral, vendredi, sans marquer de progrès.

L’Association des employeurs maritimes (AEM) a donné un préavis de lock-out pour dimanche à 21h, à moins que les 1200 débardeurs acceptent son offre finale et globale déposée jeudi soir.

Or, «il n’y a pas grand-chose de modifié dans cette offre-là», a réagi vendredi Michel Murray, conseiller syndical du syndicat des débardeurs. «Il y a des changements cosmétiques.»

Le comité syndical devait se réunir en après-midi vendredi et décider s’il soumettra l’offre à ses membres. M. Murray ne voit «aucun problème» à la soumettre à ses membres d’ici dimanche et ne doute guère du résultat, vu le peu de changement, selon lui, depuis les deux dernières offres qui avaient été rejetées par les membres, lors d’un scrutin secret.

L’AEM offre 20 % d’augmentations salariales sur six ans, alors que le Syndicat des débardeurs revendique les mêmes augmentations que celles qui ont été octroyées aux débardeurs de Vancouver et Halifax, soit 20 % sur quatre ans.

Il nie par ailleurs que les débardeurs gagneraient 200 000 $ en 2029 avec la nouvelle offre de l’employeur, comme l’AEM l’a soutenu dans un communiqué. Cela supposerait un salaire horaire de 96 $, alors que les débardeurs touchent plutôt 51,89 $ l’heure, a noté M. Murray.

Sur l’épineuse question des horaires de travail — un aspect central de ce conflit — la position de l’association des employeurs n’aurait pas bougé dans la dernière offre. «Il n’y a rien dans le dépôt patronal qui adresse la problématique des horaires. Zéro, zip, niet», a tranché M. Murray.

Salaire abaissé et lock-out

Pour ce qui est de la menace de lock-out de la part de l’employeur, M. Murray trouve plutôt ironique que «ça fait quatre ans qu’il crie sur tous les toits qu’un port, ça ne se ferme pas. Puis là, il veut fermer le port à partir de dimanche».

Il déplore également que l’Association des employeurs a aussi abaissé le salaire horaire des débardeurs, juste avant de décréter son lock-out, afin d’accroître la pression sur leurs épaules.

«On a informé l’employeur qu’on ne ferait pas de navires autres que ceux avec les taux applicables» avant la baisse des salaires, a indiqué M. Murray.

Dans son communiqué de jeudi soir annonçant son lock-out, l’Association des employeurs soutient que la négociation actuelle «a des conséquences majeures pour les entreprises du Québec et du Canada», puisque la valeur des marchandises qui transitent par le port de Montréal atteint près de 400 millions $ par jour, générant 268 millions $ en activité économique.

Vendredi, l’AEM n’a pas voulu commenter davantage, ni lors des discussions au Service de médiation ni après la déclaration du syndicat devant les médias.

MacKinnon et Duclos se font pressants

À Ottawa, le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, a une fois de plus pressé les parties de négocier à la table et de s’entendre pour renouveler la convention collective.

«Ça devrait être des négociations assez simples; c’est une seule catégorie d’emplois», a-t-il rappelé.

Pourtant, ces négociations durent depuis un an. Et la dernière négociation s’était soldée par une loi spéciale qui avait forcé le retour au travail des débardeurs.

«J’implore les parties de s’asseoir ensemble et de faire les compromis nécessaires», a martelé le ministre MacKinnon.

Le ministre fédéral de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, a lui aussi pressé les deux parties. «Il faut que ces parties-là s’entendent. On sait que c’est compliqué depuis plusieurs années, que les deux parties ne s’aiment pas. Mais là, il faut se ressaisir et trouver une solution gagnante pour tout le monde.»

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