Première offre de Québec aux omnipraticiens: la FMOQ note un changement de ton

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Première offre de Québec aux omnipraticiens: la FMOQ note un changement de ton

MONTRÉAL — La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a reçu une première offre du gouvernement du Québec, mardi après-midi, mais elle ne touche pas encore à la question de la rémunération. Elle contient surtout des «chantiers de travail» pour améliorer l’accès aux médecins de famille.

C’est ce qu’a laissé savoir en entrevue avec La Presse Canadienne le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot. «Il n’y a pas de paramètres monétaires là-dedans, on ne parle pas d’argent dans ce dépôt, on parle de grands principes, de chantiers de travail», dit-il.

Ce que propose Québec tient sur six pages. «C’est une offre qui est maigre dans le sens où elle n’est pas précise», commente Dr Amyot. Cette offre s’inscrit dans le contexte des négociations en vue de renouveler l’entente-cadre des médecins de famille dans le réseau de la santé.

Bien qu’il reste des «ajustements dans le discours public», le président de la FMOQ constate un changement de ton de la part du gouvernement. «Je note que le premier ministre [François Legault] ne veut plus se battre contre nous — à la sortie de la session parlementaire, il avait dit qu’il voulait se battre contre le syndicat des médecins», a mentionné Dr Amyot.

M. Legault avait en effet évoqué qu’il allait «falloir se battre jusqu’au bout» dans les négociations avec la FMOQ.

«Ils n’ont pas repris ça hier, je note cela positif», a indiqué Dr Amyot.

Optimiser la rémunération des médecins

Plus tard, alors qu’il se rendait au conseil des ministres, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a brièvement déclaré aux journalistes que présentement «les Québécois n’en ont pas pour leur argent».

Le Dr Amyot est prêt à admettre qu’une partie de la solution passe par les médecins de famille, mais selon lui, Québec a aussi sa part de responsabilité dans les lacunes de l’accès aux médecins de famille.

«Je donne l’exemple du [Guichet d’accès à la première ligne] GAP, dit-il. Les médecins de famille ont donné au GAP l’an passé un million de rendez-vous. […] Les patients nous disent qu’ils appellent au 811 option 3 et qu’ils ne sont pas capables d’avoir la ligne […] ça prend une semaine avant qu’on les rappelle. Quand on parle d’accessibilité, je pense qu’il a aussi une partie de la responsabilité. Je prends ce qui m’appartient, mais j’espère que le gouvernement va prendre ce qui lui appartient aussi.»

En mêlée de presse, mercredi, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, ne s’est pas prononcée à savoir si l’enveloppe de 3 milliards $ associée à la rémunération des omnipraticiens pourrait être augmentée lors de la prochaine entente-cadre.

«Il y a une première étape incontournable avant même de réfléchir à l’étape 2, c’est de s’assurer de la pertinence de l’allocation des sommes. Trois milliards, ce n’est pas des petites sommes. Il faut s’assurer de la pertinence de chacun des actes», a déclaré Mme LeBel.

La FMOQ est d’accord qu’il faut optimiser l’expertise des médecins de famille. Selon son analyse d’autres systèmes de soin dans le monde, les plus efficaces sont les «modèles intégrés». C’est-à-dire que les services offerts par les professionnels ne sont pas dupliqués par d’autres professionnels de la santé. «Ils travaillent en continuité. Donc, le travail que le physiothérapeute a fait n’est pas repris par le médecin de famille», donne en exemple Dr Amyot.

Mieux faire avec les moyens du bord

Dans une déclaration écrite du cabinet du Secrétariat du Conseil du trésor, on souligne que l’offre est axée sur l’amélioration de l’accès aux médecins de famille. «Au terme de cette négociation, il faut que la population ressente un changement dans l’accès aux soins sur le terrain et non pas uniquement en théorie.»

À son arrivée au conseil des ministres, Mme LeBel a réitéré qu’il fallait bonifier l’accès. «Il faut voir comment on va réorganiser le modèle de prise en charge actuel qui est le modèle traditionnel »un médecin, un patient»», a-t-elle commenté.

«On va devoir recentrer le rôle du médecin sur les tâches que seul le médecin peut faire», a-t-elle précisé. Le gouvernement a déjà entrepris ce virage notamment en diminuant la tâche administrative des médecins de famille et en donnant plus de pouvoir de prescription aux pharmaciens.

«On n’avait pas le choix, affirme Dr Amyot. Il manque au Québec 1500 médecins de famille. La population vieillit, la population augmente, et le nombre de médecins de famille au Québec, non seulement il n’augmente pas, curieusement il diminue.»

Selon le président de la FMOQ, il ne faut surtout pas augmenter la charge de travail des omnipraticiens qui en font déjà beaucoup, dit-il, en dehors des consultations en cabinet. «Il faut trouver des façons d’utiliser l’expertise du médecin de famille de façon plus optimale. Le travail collaboratif avec d’autres professionnels en est une. Nous on dit: ça en prend plus des professionnels qui peuvent nous aider dans les [Groupe de médecine de famille] GMF.»

Dr Amyot met l’accent sur la charge de travail. Il soutient que «faire travailler plus les médecins» n’est pas une bonne solution. «Ça amène juste une dévalorisation de la profession; profession qui manque déjà de valorisation et d’attractivité», explique-t-il.

L’accord-cadre entre la FMOQ et Québec est échu depuis le 31 mars 2023. Dans les prochains jours, la fédération devrait présenter ses propositions au gouvernement.

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