Préparer la boîte à lunch des enfants difficiles pose un défi aux parents

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Préparer la boîte à lunch des enfants difficiles pose un défi aux parents

MONTRÉAL — Les enfants sont parfois capricieux lors des repas, mais certains sont plus difficiles que d’autres et refusent un large éventail d’aliments. Cette condition peut affecter leur santé globale et aussi leur concentration à l’école. Cela dit, développer leur goût et confectionner une boîte à lunch qu’ils apprécieront est possible.

Il existe des conditions médicales qui prédisposent un enfant à avoir une aversion pour certaines saveurs et textures. Mais le plus souvent les enfants vont simplement traverser une période dans leur vie où ils aiment peu de choses.

La période de néophobie, qui se définit comme la «peur» de manger des aliments nouveaux ou inconnus, apparaît généralement vers l’âge de 2 ans et peut durer jusqu’à l’âge de 12 ans. Le moment où cela apparaît est très variable, tout comme la durée qui peut être de quelques semaines ou quelques années.

«Dans la majorité des cas, les enfants qui sont difficiles, ce sont des situations ponctuelles qui rentrent dans l’ordre quand les parents adoptent une certaine procédure pour aider leur enfant à découvrir les aliments», explique Stéphanie Côté, nutritionniste spécialisée dans l’alimentation des enfants et des familles.

Cette situation est souvent stressante pour les parents qui constatent que leur enfant mange peu. Ils s’inquiètent qu’il n’ait pas suffisamment d’éléments nutritifs essentiels; une inquiétude qui est fondée.

«Si un enfant est très difficile et qu’à cause de cela il mange vraiment peu d’aliments variés, ça se peut qu’à un moment donné il manque de certains vitamines et minéraux», indique Mme Côté.

Si un parent est inquiet d’une carence chez son enfant, elle conseille de consulter une nutritionniste, car il est possible que ses besoins soient comblés dans la nourriture qu’il tolère.

«Il ne faut pas peser sur le bouton panique trop rapidement, avise Mme Côté, mais c’est sûr qu’un enfant qui est difficile pour plein d’aliments, il va avoir plus de misère à satisfaire tous ses besoins nutritionnels.»

Une alimentation équilibrée est également très importante pour que l’enfant se concentre à l’école. «C’est la base, affirme Mme Côté. S’il manque de plusieurs nutriments dans son alimentation et que ça perdure dans le temps, ça peut nuire à son apprentissage et même à son plaisir d’aller à l’école.»

Advenant une carence, des suppléments peuvent combler les besoins pendant une certaine période.

Des thérapies existent pour les enfants ultradifficiles. Les nutritionnistes peuvent collaborer avec un ergothérapeute pour accompagner les familles, entre autres lorsque les textures sont un facteur de dégoût.

Conseils et choses à éviter

Si la boîte à lunch de l’enfant revient toujours pleine à la maison, Mme Côté conseille aux parents de questionner son enfant pour en découvrir la raison, car ce n’est pas nécessairement à cause des aliments. Plusieurs facteurs peuvent influencer son appétit, dont le stress de la rentrée scolaire, les amis qui sont présents ou absents et les bruits ambiants.

La nutritionniste recommande aussi aux parents de confectionner la boîte à lunch avec son enfant. Ce dernier peut par exemple choisir ses crudités et aider à les couper. «Ça devient un choix ouvert pour l’enfant. Ce qu’il met dans sa boîte à lunch, généralement, s’il est d’accord pour le mettre dans la boîte à lunch, il a de très bonnes chances de le manger à l’heure du midi. Les mauvaises expériences d’aliments qu’ils aiment un peu moins, mieux vaut les garder pour la maison», mentionne Mme Côté.

Le parent a un rôle à jouer pour diversifier les goûts de son enfant, mais ce n’est pas facile de bien s’y prendre. Les enfants des anciennes générations se sont fait dire de manger leurs légumes sinon ils seront privés de dessert. Or, il faut éviter de forcer l’enfant à ingérer des aliments qu’il n’aime pas. «Parce qu’il va juste associer une expérience négative à cet aliment. […] Comme parent, le meilleur exemple qu’on peut donner, c’est de manger ces aliments avec plaisir et ça risque de donner envie à l’enfant de nous imiter», indique Mme Côté.

En présentant souvent un même aliment à l’enfant, il sera plus susceptible de vouloir le toucher, le sentir et éventuellement le mettre dans sa bouche. Peut-être qu’au début il le crachera, mais «c’est vraiment la répétition et l’expérience positive avec les aliments qui fait que l’enfant va élargir ses goûts au fil du temps».

Par ailleurs, certains aliments ont tout simplement mauvaise réputation. Le jeune risque de «partir avec un a priori négatif» si on lui présente de la nourriture en disant: «je ne sais pas si tu vas aimer ça». Il y a aussi des personnages dans les livres et à la télévision qui peuvent renforcer une aversion si ces derniers sont dégoûtés par le contenu de leur assiette.

Les parents auraient intérêt à présenter les légumes comme quelque chose de bon et coloré plutôt que comme un aliment qu’il faut manger pour être en santé.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

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