Propos du ministre Dubé: «du mépris à 2000 %», dit la CSQ au Tribunal

Lia Lévesque, La Presse Canadienne
Propos du ministre Dubé: «du mépris à 2000 %», dit la CSQ au Tribunal

Les commentaires du ministre Christian Dubé sur les syndicats d’infirmières et leurs réserves face à certaines primes ont été reçus comme «du mépris à 2000 %», a lancé vendredi Claire Montour, qui était à l’époque présidente de la Fédération de la santé, affiliée à la CSQ.

Mme Montour a témoigné dans le cadre des audiences du Tribunal administratif du travail concernant des plaintes portées contre Québec par la FIQ, la CSN et la CSQ à cause de l’arrêté ministériel 071. Cet arrêté prévoyait diverses mesures pour ramener des infirmières dans le réseau public, à temps plein, dont des primes de 15 000 $.

Le fond du problème vient du fait que ces primes n’ont jamais été négociées avec les syndicats, qui sont pourtant les agents négociateurs pour les conditions de travail de leurs membres. Elles ont été annoncées en conférence de presse par Québec, puis les détails ont été précisés dans un arrêté ministériel.

Ces syndicats qui représentent des infirmières étaient d’autant plus outrés qu’ils avaient passé les mois précédents à négocier leurs conventions collectives tentant justement d’obtenir des clauses, des primes pour attirer et retenir des infirmières.

Et ils s’étaient fait dire par les négociateurs gouvernementaux qu’il n’y avait plus d’argent, ont relaté les témoins de la FIQ, de la CSN et de la FSQ.

Or, dans les semaines qui ont suivi, le ministre Dubé a annoncé en conférence de presse qu’il était prêt à mettre 1 milliard $ pour diverses mesures visant à attirer des infirmières à temps plein dans le réseau public.

Et quand les syndicats d’infirmières avaient critiqué certaines conditions assorties à ces primes, le ministre Dubé leur avait reproché de dire à leurs membres de ne rien signer, plutôt que d’aider aux efforts de recrutement.

Le ministre avait aussi affirmé que les syndicats cherchaient d’abord à obtenir ces primes pour leurs représentants qui bénéficient de libérations syndicales, alors que Québec voulait les réserver aux infirmières sur le terrain.

«Je l’ai reçu comme du mépris à 2000 %», a lancé Mme Montour, en s’adressant à la juge administrative Myriam Bédard.

Dans les heures et les jours qui ont suivi, les représentants syndicaux avaient reçu une volée de bois vert de la part de certains de leurs membres, qui étaient appelés à se prononcer sur leur entente de principe. Pourquoi n’avaient-ils pas réussi à aller chercher ce milliard de dollars supplémentaire dans le cadre de la négociation des conventions? Pourquoi avaient-ils cru le gouvernement qui soutenait qu’il ne restait plus d’argent?

La preuve des trois organisations syndicales est maintenant close. Le gouvernement du Québec fera entendre ses témoins en avril.

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