Que se passerait-il si Justin Trudeau démissionnait ?

La Presse Canadienne
Que se passerait-il si Justin Trudeau démissionnait ?

OTTAWA — Le caucus libéral doit se réunir à Nanaimo, en Colombie-Britannique, la semaine prochaine pour une retraite avant la session parlementaire d’automne. Le premier ministre Justin Trudeau insiste sur le fait qu’il mènera son parti aux prochaines élections, malgré les sondages qui démontrent son impopularité auprès des Canadiens. Voici un aperçu de ce qui se passerait s’il décidait d’abandonner.

Le premier ministre Justin Trudeau pourrait-il démissionner ?

Absolument. Mais la décision de démissionner devient beaucoup plus difficile maintenant que les néo-démocrates se sont retirés de leur accord de soutien et de confiance avec les libéraux, qui a contribué à maintenir le gouvernement minoritaire au pouvoir. Si Justin Trudeau devait démissionner, les néo-démocrates pourraient voter avec les conservateurs sur une motion de confiance et déclencher une élection anticipée. Cela pourrait laisser le Parti libéral sans chef alors que les autres partis se disputent les votes.

Que se passerait-il s’il démissionnait ?

Un chef intérimaire serait nommé et une course à la chefferie serait déclenchée. Le président du parti aurait 27 jours pour convoquer une réunion avec le conseil d’administration des libéraux. Un comité de vote à la chefferie serait également formé pour planifier, organiser et mener la course.

En combien de temps un nouveau chef pourrait-il être nommé ?

Ce n’est généralement pas un processus rapide. M. Trudeau a gagné après une course de cinq mois, mais la planification était en cours depuis des années.

En comparaison, il a fallu deux ans aux conservateurs pour élire un nouveau chef après la démission de Stephen Harper à la suite des élections de 2015.

La course qui a porté Pierre Poilievre à la tête des conservateurs en 2022 a duré huit mois.

La constitution du Parti libéral décrit le processus pour tout candidat potentiel. Les libéraux ont au moins 90 jours avant l’élection d’un chef pour annoncer leur intention de se présenter. Ils ont besoin d’au moins 300 signatures de membres inscrits du parti, dont 100 doivent provenir de libéraux de trois provinces différentes.

Justin Trudeau pourrait-il démissionner tout en terminant son mandat ?

Oui. Mais encore une fois, ce serait compliqué puisque le gouvernement libéral est minoritaire et que plane la menace d’une élection anticipée. Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a reconnu cette semaine que des élections pourraient avoir lieu plus tôt que prévu, soit en octobre 2025.

Un premier ministre a-t-il déjà démissionné ?

Oui. En 2002, le premier ministre Jean Chrétien, confronté à un défi lancé par l’ancien ministre des Finances et rival de longue date Paul Martin, a annoncé qu’il ne dirigerait pas les libéraux aux élections suivantes.

En 1993, le premier ministre Brian Mulroney a démissionné de son poste de chef du Parti progressiste-conservateur. Kim Campbell, ministre de la Défense dans le cabinet de M. Mulroney, a remporté la course pour lui succéder.

La popularité de Justin Trudeau a également diminué, alors pourquoi est-ce différent ?

MM. Chrétien et Mulroney ont eu des gouvernements majoritaires, ce qui a permis aux courses à la direction de se dérouler sans menace de chute de leur administration.

Bien que des grondements de mécontentement à l’égard de M. Trudeau aient été entendus au sein de son parti, il continue de bénéficier du soutien public du cabinet et du caucus. L’exception est le député libéral Wayne Long, qui a demandé sa démission.

De plus, il n’y a pas d’héritier évident pour M. Trudeau. Parmi les prétendants à son poste, on compte la vice-première ministre Chrystia Freeland, le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne et l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney.

Pourquoi les démocrates américains ont-ils pu remplacer leur candidat à la présidence ?

Le Canada et les États-Unis ont des systèmes de gouvernement différents, et les démocrates et les libéraux ont leurs propres règles de parti.

Même si le président américain Joe Biden était le candidat présumé des démocrates à la présidence, il n’était pas encore leur candidat officiel. Cela a permis aux démocrates de changer de candidat avant leur convention à Chicago le mois dernier.

Il appartient toujours aux délégués démocrates de voter officiellement pour un candidat officiel à la présidence à leur convention.

Comme il n’y a pas eu de contestation majeure au sein du parti, cela a permis une transition en douceur pour remplacer le nom de M. Biden sur la liste par celui de la vice-présidente américaine Kamala Harris.

Les libéraux peuvent-ils évincer Justin Trudeau ?

C’est peu probable. La constitution du Parti libéral stipule que le chef du parti ne peut être démis de ses fonctions qu’en raison d’un événement déclencheur tel qu’une défaite électorale, une incapacité ou un décès.

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