LONGUEUIL — Le gouvernement du Québec a annoncé lundi un plan de modernisation des équipements de sécurité dans plusieurs palais de justice de la province.
Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, et le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, ont dévoilé au palais de justice de Longueuil les détails d’un investissement de 31 millions $, qui comprend 7,6 millions $ pour l’ajout et la modernisation d’équipements et 23,4 millions $ pour la formation et l’embauche de constables spéciaux.
Le déploiement des nouveaux équipements s’étendra de juin 2024 à septembre 2025. Neuf palais de justice ont été ciblés: ceux de Longueuil, Laval, Saint-Jérôme, Québec, Joliette, Salaberry-de-Valleyfield, Chicoutimi, Sherbrooke et Gatineau.
C’est à Longueuil que s’amorcera cette cure de rajeunissement. «D’ici la fin du mois, les citoyens devront passer sous une arche de détection de métaux à leur arrivée au palais de justice», a précisé M. Jolin-Barrette.
Les édifices plus récents ou ceux en construction, comme à Saint-Hyacinthe, à Roberval et à Rouyn-Noranda, sont exclus de ce programme puisqu’ils seront déjà équipés de telles arches de sécurité.
M. Jolin-Barrette croit que l’actualisation des équipements permettra de renforcer le sentiment de sécurité des citoyens et des employés.
«Bien qu’isolés, les récents événements survenus aux palais de justice de Longueuil et de Sherbrooke nous ont tous ébranlés. Il importe de redonner rapidement un sentiment de sécurité à la population. Il s’agit d’une priorité pour le ministre de la Sécurité publique et moi. C’est pourquoi, dans les derniers mois, nous avons accéléré les travaux en cours pour la modernisation des équipements de sécurité dans les palais de justice», a-t-il affirmé en conférence de presse, ajoutant que «ce n’est que le début, nous y allons de façon prioritaire».
Il a toutefois voulu se faire rassurant en disant que «les palais de justice font partie des lieux publics les plus sécuritaires».
«Tous les palais de justice, même ceux sans arche, sont extrêmement sécuritaires. Les gens ne doivent pas avoir de crainte. Je tiens à rassurer la population. Nous prenons la situation très au sérieux. C’est pourquoi nous avons déployé très rapidement des mesures de sécurité complémentaires dans certains palais de justice jugés prioritaires, soit ceux de Longueuil, Laval et Saint-Jérôme.»
Concrètement, des fouilles corporelles sont réalisées et des détecteurs de métaux portatifs sont utilisés. L’accès est aussi resserré puisqu’une seule entrée est réservée aux citoyens.
«À cela s’ajoute la mesure la plus importante: la présence assidue et sécurisante des constables spéciaux et des agents de sécurité», a soutenu le ministre de la Justice.
Il a également souligné qu’une diminution de 40 % du nombre d’incidents violents a été observée entre 2018 et 2023. À la grandeur du Québec, 357 événements malheureux ont été recensés en 2023, dont plus du tiers à Montréal seulement.
«Les actes de violence n’ont absolument pas leur place dans notre société. Fort heureusement, ils sont peu nombreux dans les palais de justice», estime M. Jolin-Barrette.
En vue de résorber le manque de constables spéciaux, le gouvernement Legault et l’École nationale de police du Québec ont convenu en janvier de doubler le nombre de cohortes «sur un horizon d’à peine 18 mois», a spécifié M. Bonnardel. Alors qu’il y avait 110 postes à pourvoir en début d’année, il en reste 70 à l’heure actuelle. Le ministre de la Sécurité publique est convaincu qu’ils seront comblés à compter de 2025.
«Les constables m’ont sauvé la vie»
L’interprète judiciaire Hai Thach, qui a frôlé la mort après avoir été poignardé à maintes prises sans raison au palais de justice de Longueuil le 9 janvier dernier, accueille favorablement ces nouvelles mesures.
«Tant mieux si l’événement qui m’est arrivé a déclenché des réactions de la part du gouvernement. Je crois que l’annonce d’aujourd’hui va rassurer beaucoup la population ainsi que tous ceux qui travaillent dans les palais de justice. Je suis content que ce qui m’est arrivé ait servi à quelque chose», a-t-il indiqué dans les corridors du palais de justice de Longueuil après la conférence de presse des deux ministres.
M. Thach a profité de sa tribune pour exprimer sa gratitude envers les constables qui lui ont sauvé la vie.
«J’ai frôlé la mort. Les mots ne sont pas suffisants pour décrire comment je suis reconnaissant d’être en vie. Quand je suis retourné travailler, j’ai été très ému quand j’ai vu les constables qui m’ont sauvé la vie.»
Moins de deux mois après avoir failli mourir, le septuagénaire a repris le boulot. C’était plus fort que lui.
«Je ne pouvais pas me tourner les pouces à la maison, ce n’est pas une vie. Le travail est ma raison d’être. J’ai 71 ans et j’ai l’intention de continuer à travailler. C’est une passion et je rends service à la communauté.»