Québec veut une forêt adaptée au changement climatique

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Québec veut une forêt adaptée au changement climatique

MONTRÉAL — Après une tournée de plusieurs mois dans les régions du Québec, qui a permis de recueillir les commentaires et les propositions de centaines d’intervenants, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts a dévoilé vendredi le rapport synthèse «sur l’avenir de la forêt».

La ministre Maïté Blanchette Vézina compte utiliser ce document pour écrire un projet de loi qui modernisera «la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier».

Cette réforme, selon la ministre, devrait notamment rendre la forêt plus résiliente au changement climatique.

«On souhaite vraiment faire une adaptation de l’aménagement forestier pour inclure des notions de changement climatique. On sait qu’avec les feux de forêt notamment, il y aura des épisodes plus réguliers de feux comme on a connus l’année dernière, alors il faut se préparer, il faut préparer nos forêts», a expliqué Maïté Blanchette Vézina dans une entrevue avec La Presse Canadienne.

Augmenter la résilience de la forêt pour faire face au changement climatique peut signifier «de diversifier les essences», a indiqué la ministre.

«Sur la Côte-Nord en ce moment, avec la loi sur l’aménagement durable, on parle de reboiser de manière écosystémique», car «si on reboise seulement avec du conifère, les forêts sont plus vulnérables au changement climatique», a ajouté la ministre des Ressources naturelles et des Forêts.

Certains types d’arbres, comme l’épinette blanche ou l’épinette noire, sont peu résilients aux feux de forêt, mais ils représentent une importante proportion des plantations du Québec, car ils sont privilégiés par l’industrie forestière.

L’industrie pourrait donc être appelée à s’adapter à de nouvelles espèces d’arbres.

«Nous visons une gestion simplifiée, compétitive, agile et adaptée aux régions» et «on veut une forêt qui est résiliente, qui peut mieux s’adapter au changement climatique, mais qui permet aussi de continuer de bénéficier d’un point de vue économique», a indiqué Mme Blanchette Vézina.

Intensification forestière

La ministre est d’avis qu’il faut améliorer le rendement forestier en misant sur l’intensification forestière, ce qui signifie de récolter davantage de bois sur de plus petites surfaces et aussi, lorsque c’est possible, de récolter le bois plus près des usines de transformation.

«Ça fait partie des solutions qu’on a entendues de manière assez régulière. Ça permettrait aussi d’éviter d’avoir trop de chemins forestiers. De nouveaux chemins forestiers, ça amène des conséquences, des coûts d’entretien, mais aussi des conséquences en termes de biodiversité», a souligné la ministre.

La quantité de chemins forestiers, près de 500 000 kilomètres au Québec, est l’une des raisons qui expliquent le déclin des populations de caribous.

La ministre veut également «augmenter la contribution de la forêt privée à l’approvisionnement de la filière forestière» et «mieux prendre en compte les réalités régionales dans la planification forestière, pour une gestion forestière plus simple».

«La crise climatique ne doit pas servir de prétexte»

En réaction à la réforme annoncée du régime forestier, Nature Québec a publié un communiqué dans lequel la directrice générale de l’organisation écrit que ces changements seront les bienvenus seulement s’ils permettent «d’assurer l’avenir de la forêt et de tous ses usages».

Alice-Anne Simard a indiqué que «la crise climatique ne doit pas servir de prétexte pour se tourner vers une vision agricole et artificielle de la forêt, dont la principale vocation serait de produire plus de bois à couper».

La ministre Blanchette Vézina compte déposer rapidement un projet de loi pour moderniser l’aménagement de la forêt, mais en entrevue, elle ne s’est pas avancée sur un moment précis.

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