Rôle des journalistes: la FPJQ condamne la déclaration du ministre Bonnardel

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Rôle des journalistes: la FPJQ condamne la déclaration du ministre Bonnardel

MONTRÉAL — La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a vivement condamné la déclaration du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui a écrit que les médias encouragent les militants qui ont bloqué le pont Jacques-Cartier «à recommencer», en leur donnant la parole.

La déclaration «malheureuse» et «troublante» du ministre mardi matin est «un exemple de plus» du «manque de compréhension» de certains élus du rôle que jouent les journalistes dans la société, a réagi le président de la FPJQ.

«Il se trompe complètement de cible, c’est évident que c’est le travail des journalistes, des médias, de rapporter et de rendre compte d’un événement qui affecte le quotidien de milliers de personnes», a expliqué Éric-Pierre Champagne.

«Questionner les motivations des deux individus qui ont commis ce geste-là» fait évidemment partie du travail des journalistes, a ajouté le président de la FPJQ, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Mardi matin, le ministre de la Sécurité publique du Québec a dénoncé, sur le réseau social X, la couverture médiatique de la manifestation qui a forcé la fermeture du pont Jacques-Cartier.

«Ce genre de geste de désobéissance civile n’est pas une façon de se faire entendre. Il s’agit d’une manière égoïste d’attirer l’attention et démontre seulement un grand manque de jugement et de respect de la part des organisateurs pour les Québécois. D’ailleurs, donner du temps d’antenne à ces groupes extrémistes, c’est leur donner raison et les encourager à recommencer», a écrit le ministre dans un message qui coiffait un article du Journal de Montréal.

La Presse Canadienne a demandé à un attaché de presse du ministre s’il pouvait clarifier ce qu’il avait à reprocher aux journalistes.

«Le contexte est assez explicatif, je pense, c’est de donner du temps d’antenne», a répondu Maxime Bélanger.

L’agence de presse a ensuite demandé à l’attaché de presse si le fait «d’interviewer les gens qui sont sur le pont» ou «des membres de leur groupe» équivaut à «les encourager à recommencer».

«Ça me semble être en ligne avec ce qu’on a dit», a répondu Maxime Bélanger qui a plus tard décliné une demande d’ entrevue avec François Bonnardel sur le rôle des journalistes lors d’une manifestation semblable.

Répondre aux principes de transparence et d’accès à l’information

Faire une couverture médiatique de l’événement en donnant la parole aux militants répond aux «principes de transparence et d’accès à l’information» et ne signifie «pas qu’on valide les actes» commis par les militants, a expliqué la chargée de cours en communication à l’UQAM Justine Lalande.

«Le ministre sous-entend que les médias ont une responsabilité dans la légitimation de ses actions», alors que «c’est précisément le rôle des médias de couvrir des événements qui sont d’intérêt public, et ce, même s’ils sont controversés. Donc, si les médias ignorent ou minimisent ces actions-là, ils manquent à leur mission qui est d’informer le public sur des débats qui, même s’ils peuvent être embarrassants pour les décideurs publics, demeurent pertinents», a-t-elle ajouté.

Une façon de «limiter le débat démocratique»

La doctorante en communication Justine Lalande est également d’avis que de «tenter de responsabiliser les médias pour ce type d’actions là» peut être une «façon de limiter le débat démocratique» et ainsi éviter d’aborder «les questions au cœur du problème», telles que celles-ci: «Pourquoi des citoyens arrivent à poser ce type de gestes? Comment les autorités peuvent mieux s’intéresser aux causes de mécontentement pour éviter que de tels événements se reproduisent?»

Fermeture du pont pendant plusieurs heures

Mardi matin, deux militants écologistes ont forcé la fermeture du pont Jacques-Cartier.

Les deux grimpeurs sont montés jusqu’au sommet de la structure et ils y sont restés pendant plusieurs heures avant d’être arrêtés en après-midi.

Une fois rendus au sommet d’une des deux pointes du pont, ils ont déployé une bannière rouge sur laquelle on pouvait lire: «Le pétrole nous tue».

La fermeture du pont Jacques-Cartier en pleine heure de pointe matinale a inévitablement entraîné de la congestion pour les automobilistes, notamment sur les autres axes routiers, surtout sur la Rive-Sud.

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