NORTH VANCOUVER — Un expert en génie dit que les urbanistes devront concevoir les prochaines infrastructures municipales en regardant vers l’avenir, et non vers le passé, pour prévoir des mesures de protection contre les inondations.
Shahria Alam, un professeur de génie civil de l’Université de la Colombie-Britannique, déplore que les ingénieurs municipaux conçoivent des réseaux d’égout pluviaux en se fiant aux précipitations des 50 dernières années, mais ils oublient que les conditions météorologiques évoluent rapidement à cause des changements climatiques.
«Les systèmes que l’on a conçus ne peuvent pas contenir l’énorme quantité d’eau supplémentaire. Les systèmes échouent et les désastres arrivent, explique le Pr Alam. Malheureusement, ce genre de catastrophe va arriver plus souvent à cause des changements climatiques.»
Le Pr Alam dit que le béton n’est pas la solution. Il préfère des solutions plus résistantes aux conditions climatiques, comme la récupération de l’eau de pluie et l’installation de toit vert pouvant conserver l’humidité.
Il mentionne également l’installation de système de déviation pouvant empêcher des débris et des sédiments d’obstruer les voies d’eau causant des inondations.
Mais ces solutions peuvent être onéreuses.
«J’ai observé plusieurs endroits. Ils travaillent fort à améliorer leurs infrastructures. Mais toutes les municipalités n’ont pas les mêmes ressources. Plusieurs peinent à y parvenir», note le Pr Alam.
North Vancouver, en Colombie-Britannique, a reçu 350 millimètres de pluie du 18 au 20 octobre, ce qui a provoqué des inondations dans des sous-sols. Au moins six résidences avaient dû être évacuées.
Le maire du district de North Vancouver, Mike Little, dit que la municipalité a dû dépenser des millions de dollars pour rénover des infrastructures.
Ashifa Saferali, propriétaire d’un commerce à Deep Cove, raconte que l’eau est montée jusqu’à la hauteur de ses genoux sur sa rue lors de la récente tempête.
«Il y a un ruisseau près de chez nous. Je ne sais pas si c’est à cause des débris ou des feuilles, mais l’eau est montée très rapidement. En moins d’une heure, l’eau a dévalé la colline. C’était fou.»
Certaines municipalités ont déjà commencé à se préparer à affronter la nouvelle situation.
Par exemple, la Ville de Vancouver a indiqué dans sa stratégie d’adaptation aux changements climatiques que les précipitations augmenteraient de 12 % d’ici 2050. Plus inquiétant est l’accroissement prévisible des pluies extrêmes atteignant jusqu’à 86 mm d’eau. De telles précipitations survenaient une fois tous les 20 ans de 1981 à 2010, leur fréquence pourrait doubler d’ici 2050.
Vancouver se prépare à de tels événements en étudiant la stabilité de ses pentes abruptes et en gérant mieux la rétention des eaux de pluie.