Signaler une disparition sans utiliser le nom de famille, pour la suite des choses

Dirk Meissner, La Presse Canadienne
Signaler une disparition sans utiliser le nom de famille, pour la suite des choses

SAANICH, B.C. — Il peut s’agir d’une adolescente qui fugue une fin de semaine. D’un parent âgé perdu et désorienté. Ou du premier indice laissant croire à un meurtre.

Le premier appel à un corps policier pour signaler une personne disparue déclenche une cascade d’enquêtes et de mesures publiques puis, une fois retrouvée, pour protéger son identité afin qu’elle ne soit pas consignée dans un dossier public permanent, a expliqué l’inspecteur Drew Robertson, du Service de police de Saanich, en Colombie-Britannique.

Le service, qui est responsable de la sécurité publique autour de Victoria, a récemment décidé d’exclure les noms de famille des alertes publiques pour retrouver des personnes disparues afin d’éviter de leur causer des ennuis plus tard dans leur vie.

Le Service de police de Saanich rejoint ainsi un nombre croissant de corps policiers au Canada et il a reçu les éloges du commissaire à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique.

Les services de police de Toronto et de Calgary ont adopté cette pratique plus tôt cette année. D’autres, dont la Gendarmerie royale du Canada (GRC), continuent de rendre publics les noms de famille, par souci de clarté.

«Nous sommes conscients que c’est une pratique beaucoup plus courante en Europe», admet M. Robertson.

«La grande majorité des personnes dont on nous a signalé la disparition retrouvent ensuite leur vie normale et poursuivent leurs études, leur travail, leur vie de famille et leurs nouvelles relations, a expliqué M. Robertson. Nous ne voulons pas leur créer un dossier permanent qui aurait un impact négatif durable.»

Ce changement a obtenu le soutien du commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique. Michael Harvey s’est dit heureux que la police puisse résoudre de cette façon des cas de disparition tout en protégeant la vie privée des gens.

Même si de nombreuses personnes et familles sont prêtes à tout pour retrouver une personne disparue, «elles sont également très reconnaissantes si on peut les oublier par la suite», dit-il.

Pas la GRC

Le Service de police de Victoria est passé aux alertes par prénom seulement à la fin de l’année dernière, a souligné le coordonnateur des communications, Griffen Hohl.

Les données de la police de Victoria du 1er avril au 30 juin montrent que le service a reçu 301 dossiers de personnes disparues, qui ont tous été résolus, a-t-il déclaré.

À la GRC, le caporal Alex Bérubé, responsable des communications au district de l’île, en Colombie-Britannique, confirme que la police fédérale utilise toujours le prénom et le nom de famille lorsqu’elle publie des signalements de personnes disparues.

«Le prénom et le nom de famille peuvent apporter des éclaircissements sur la personne que nous recherchons, en particulier lorsque les descriptions ou même les prénoms sont les mêmes», a-t-il indiqué dans un courriel.

«Les noms de famille ont également apporté des éclaircissements aux commerces qui ont pu croiser la personne.»

M. Bérubé précise que la GRC en Colombie-Britannique prend certaines mesures pour limiter les impacts potentiels sur la vie privée des personnes disparues en supprimant les communiqués de presse publics lorsqu’une situation est résolue, et en supprimant les publications sur les réseaux sociaux.

L’année dernière, la Cour d’appel fédérale a ouvert la porte pour que le nom des Canadiens ne puisse pas apparaître dans le moteur de recherche Google — ce qu’on appelle communément le «droit à l’oubli».

L’affaire avait été portée devant les tribunaux à la suite d’une plainte pour atteinte à la vie privée déposée par un homme qui affirmait que des informations obsolètes et inexactes sur Internet à son sujet lui causaient un préjudice personnel.

La base de données du Centre national pour les personnes disparues et les restes non identifiés du gouvernement du Canada montre qu’il y a eu 70 168 signalements de personnes disparues en 2023, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2022. La base de données indique que 12 % de tous les adultes disparus en 2023 au Canada étaient des Autochtones et que 58 % étaient des femmes.

La base de données indique que 23 % des enfants et des jeunes disparus signalés au Canada l’année dernière étaient autochtones, et 70 % étaient des filles.

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