Singh refuse de dire s’il veut faire tomber le gouvernement après l’adoption de C-64

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
Singh refuse de dire s’il veut faire tomber le gouvernement après l’adoption de C-64

OTTAWA — Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh évite soigneusement de dire s’il sera désormais enclin à faire tomber le gouvernement puisque le projet de loi C-64 qui lui est cher sur l’assurance médicaments est adopté.

Malgré les multiples tentatives de journalistes pour tenter de lui tirer les vers du nez vendredi, M. Singh a contourné les questions les unes après les autres.

«La journée après le passage de ce projet de loi, ma priorité c’est maintenant de forcer le gouvernement libéral de Justin Trudeau de signer les ententes avec les provinces et territoires pour que les gens puissent réaliser les bénéfices de cette loi», a-t-il dit en mêlée de presse.

Précédemment, le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait indiqué que le fait que le projet de loi auquel le parti tenait tant était encore au Sénat influençait la réponse des néo-démocrates à toute initiative de faire tomber le gouvernement minoritaire.

Deux motions de censure visant à renverser les libéraux présentées par les conservateurs ont été battues depuis le début de la session parlementaire d’automne, le NPD et le Bloc québécois s’y étant opposés.

Or, maintenant que le projet de loi sur l’assurance médicaments est devenu loi, M. Singh insiste sur la nécessité d’avoir en place des ententes avec les provinces pour que l’initiative devienne réalité.

Les pourparlers entre ordres de gouvernement pourraient durer des mois, si l’on se fie au temps que prennent typiquement ce genre de discussions entre Ottawa et les provinces.

Le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, a dit vendredi avoir espoir que toutes les provinces et les territoires auront signé une entente d’ici le printemps prochain.

Jusqu’à présent, la Colombie-Britannique a signé un protocole d’entente pour fournir une couverture.

Est-ce à dire que M. Singh entend soutenir les libéraux fédéraux jusqu’au printemps dans tout vote susceptible de faire tomber leur gouvernement? Rien n’est moins clair.

Le chef du NPD s’en tient à répéter – comme il le fait depuis des mois – que ses troupes analyseront chaque motion, y compris celles de censure, au cas par cas avant de décider comment voter.

Avant même que M. Singh ne s’entretienne vendredi avec les journalistes, le premier ministre Justin Trudeau a appelé les provinces et les territoires à commencer à négocier des accords sur l’assurance médicaments dès que possible.

M. Trudeau s’est adressé aux journalistes alors qu’il terminait une visite au sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) au Laos, où il a vanté les «progrès réels» réalisés à Ottawa après l’adoption par le Sénat du projet de loi sur l’assurance médicaments.

Cette pièce législative était au cœur du pacte politique entre les libéraux et le Nouveau Parti démocratique, qui a fait pression pour que le projet de loi soit présenté. L’entente qui liait les libéraux et les néo-démocrates n’est plus en vigueur depuis quelques semaines.

Maintenant qu’elle est devenue loi, la Loi sur l’assurance médicaments permet aux provinces et aux territoires de conclure des accords avec le gouvernement fédéral pour commencer à fournir gratuitement aux patients certains médicaments contre le diabète et de contraception.

«Maintenant, nous nous devons de négocier avec les provinces pour livrer cet argent, pour livrer ces services qui vont faire une si grande différence», a affirmé M. Trudeau en conférence de presse.

«Je m’attends à ce que les provinces, rapidement, viennent à la table», a-t-il ajouté.

M. Holland a refusé, une fois de plus, de dire vendredi s’il envisage d’accorder au Québec un droit de retrait avec pleine compensation, comme le réclame la province.

«Je pense que les Québécois et les Québécoises veulent qu’il y ait un esprit de coopération, qu’on trouve les solutions communes et ensemble, et ça, c’est mon intention», a-t-il déclaré.

Il note que les deux ordres de gouvernement conviennent que c’est «absolument une priorité» d’avoir la capacité de prévenir des maladies et que le prix des médicaments est un obstacle.

– Avec des informations de Sarah Ritchie, Laura Osman et Michel Saba

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