MONTRÉAL — Environ 56 % des enseignants rapportent subir au moins une incivilité par jour de la part d’élèves. C’est même pire au primaire: 63 %.
Et 30 % disent en être même victimes de la part de parents d’élèves, au moins une fois par mois.
Une incivilité peut être un langage grossier ou agressif ou un comportement qui ne respecte pas les autres, les règles de vie dans une classe. Dans le cas des parents, ça peut être un courriel ou un message au langage inapproprié laissé dans une boîte vocale.
La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), affiliée à la CSQ, a mené une consultation auprès de 7000 de ses 95 000 membres enseignant aux niveaux préscolaire, primaire, secondaire et de la formation professionnelle pour connaître le portrait de ces incivilités qu’ils subissent.
«On constate que présentement, c’est un problème. Puis on le sait, aussi, que c’est un problème qui est beaucoup plus large que l’école. C’est un problème dans la société. On peut regarder la façon dont les communications se font plus largement dans les médias sociaux et on constate qu’il y a plusieurs incivilités qui sont commises par des gens qui communiquent de façon inadéquate», a noté en entrevue Richard Bergevin, président de la FSE.
Ces enseignants qui ont répondu au questionnaire ont indiqué que les incivilités nuisaient à la concentration, à l’apprentissage, à la motivation, donc, au bout du compte, à la réussite scolaire, souligne M. Bergevin.
Des solutions
Parmi les solutions envisagées pour remédier au problème, ils ont cité l’enseignement des bons comportements et une formation au civisme pour les élèves, accompagnés par les parents s’il le faut.
«Il faut aussi être capable d’élargir cette discussion-là auprès des parents, pour s’assurer qu’on va faire des changements qui vont être durables. Et pour ça, on a besoin d’un gouvernement qui va s’impliquer pour faire de la prévention, qui va s’impliquer pour donner les moyens et le courage au milieu et qui va aussi s’assurer qu’on va être capable de soutenir les victimes de ces situations-là», insiste M. Bergevin.
Les enseignants qui ont répondu au questionnaire privilégient aussi des sanctions ou des actions réparatrices, adaptées à l’âge du jeune et à la gravité du comportement.
«L’élève doit savoir qu’il y a des conséquences quand il ne respecte pas les règles de vie en société», plaide M. Bergevin.
Mais ni le vouvoiement ni le port de l’uniforme à l’école n’ont été choisis parmi les remèdes privilégiés par ces enseignants. Le port de l’uniforme n’a été choisi que par 5 % des enseignants et le vouvoiement par 5,7 % d’entre eux.
M. Bergevin croit que l’ampleur du phénomène de ces incivilités affecte le moral et la motivation des enseignants au point d’en faire décrocher certains. «J’irais jusqu’à dire que ça peut créer un problème au niveau de la pénurie», en décourageant des candidats potentiels, en plus d’épuiser des enseignants déjà en poste.