Sonia LeBel dépose le PL 67 accordant plus de pouvoirs aux professionnels de la santé

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Sonia LeBel dépose le PL 67 accordant plus de pouvoirs aux professionnels de la santé

QUÉBEC — La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a déposé mardi le projet de loi 67 visant à élargir les pouvoirs de certains professionnels, comme les pharmaciens et les psychologues.

En 2024, on doit permettre aux professionnels québécois de contribuer à la hauteur de leurs compétences, a déclaré Mme LeBel en conférence de presse à l’Assemblée nationale.

Elle propose dans un premier temps de donner aux pharmaciens plus de pouvoirs pour prescrire et prolonger les ordonnances.

«L’ordonnance était de trois mois, le pharmacien pouvait faire une prolongation de trois mois. Maintenant, il n’y a plus de délai, plus de temps limite. C’est le jugement clinique du pharmacien», a illustré Mme LeBel.

De plus, si le projet de loi est adopté, les pharmaciens pourront prescrire directement à leurs clients des médicaments pour traiter certaines maladies courantes (infections urinaires, conjonctivite, pharyngite).

La liste complète de ces maladies courantes sera déterminée plus tard, par règlement.

Les pharmaciens pourront aussi prescrire un médicament pour une personne qui est déjà diagnostiquée (diabète, hypertension) quand sa condition est stable.

Ils pourront également effectuer plus de prélèvements (dans le nez et la gorge) et ensuite prescrire un médicament pour traiter un streptocoque, par exemple, ce qui leur est impossible à l’heure actuelle.

Santé mentale

Le projet de loi 67 permettrait en outre aux infirmières cliniciennes, aux psychologues, aux conseillers d’orientation, aux sexologues et aux orthophonistes de diagnostiquer certains troubles mentaux.

«Présentement, ils ont l’autorité de faire des évaluations qui n’ont pas la caractéristique d’être considérées comme un diagnostic», a expliqué Sonia LeBel.

«Ce que ça va faire, c’est que l’évaluation (…) sera maintenant considérée comme un diagnostic aux fins d’assurance, de programmes d’aide, de programme d’accès de soins de santé.»

Par exemple, une orthophoniste pourrait diagnostiquer un trouble de langage à un étudiant au cégep, ce qui lui permettrait de demander directement certaines allocations, sans devoir consulter un médecin.

Autre exemple: une conseillère en orientation pourrait diagnostiquer un trouble de l’anxiété à un jeune du secondaire pour lui permettre d’accéder à des accommodements pour sa réussite scolaire.

Mme LeBel précise toutefois que ces professionnels ne pourront pas prescrire, même après avoir posé un diagnostic. «On est dans un premier pas», a-t-elle indiqué, laissant entendre qu’elle pourrait un jour aller plus loin.

Nouveaux permis et OBNL

Par ailleurs, le projet de loi 67 propose de créer de nouveaux types de permis de pratique, afin d’accroître le nombre de professionnels pouvant offrir des soins et services professionnels.

Un ingénieur en avionique, par exemple, qui a été formé à l’étranger, doit présentement attendre d’avoir obtenu une pleine reconnaissance avant de pouvoir pratiquer.

«Ce qu’on va pouvoir lui permettre de faire maintenant, c’est d’avoir un permis de pratique restreint dans un domaine particulier, en autant que sa compétence, naturellement, est validée», a expliqué la ministre.

Elle souhaite également avec son projet de loi permettre à l’ensemble des professionnels, et non seulement aux avocats et aux notaires, de se constituer en OBNL.

On peut penser entre autres aux vétérinaires et aux hygiénistes dentaires, l’objectif principal étant de donner «plus de services aux citoyens», a déclaré Mme LeBel.

Réactions

Dans un communiqué publié mardi, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) et le Collège des médecins du Québec (CMQ) ont déclaré accueillir «positivement» le projet de loi 67.

«Depuis des mois, nous travaillons de concert avec l’OPQ pour que les pharmaciens puissent jouer un rôle accru dans une première ligne d’accès pour le public», a réagi le président du CMQ, le Dr Mauril Gaudreault.

«Avec cette réforme majeure, le Québec deviendra l’une des juridictions les plus avancées au monde en matière de pratique de la pharmacie», s’est également réjoui le président de l’OPQ, Jean-François Desgagné.

De son côté, l’Ordre des psychologues du Québec qualifie le projet de loi de «tournant majeur pour l’accès aux services en santé mentale».

«Ce projet de loi devrait initier des changements afin que le public qui en a besoin puisse accéder aux services et à diminuer la pression sur les cliniques de médecine familiale», a déclaré l’Ordre dans un communiqué.

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