Temps extrême: l’inquiétude plane sur plusieurs municipalités canadiennes

Michael Tutton, La Presse Canadienne
Temps extrême: l’inquiétude plane sur plusieurs municipalités canadiennes

HALLS HARBOUR — Les localités n’ayant pu obtenir une aide financière pour lutter contre les changements climatiques se demandent comment elles vont pouvoir obtenir de l’argent pour se garder en sécurité.

Par exemple: le Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes, un programme mis en place par le gouvernement fédéral, a refusé la demande d’aide de 4,8 millions $ formulée par le village de Hall’s Harbour, en Nouvelle-Écosse.

L’argent aurait servi à renforcer des digues, à construire un brise-lames et à prolonger un quai.

«J’en suis consterné et furieux, lance Dave Davies, le vice-président de l’association du développement du village de Hall’s Harbour. Le gouvernement fédéral a donné de l’argent à quelqu’un d’autre et nous ne savons pas à qui.»

Des bénévoles ont recueilli des fonds pendant deux ans et ont commandé un projet visant à protéger le pittoresque village contre les changements climatiques.

Rodger Cameron, le propriétaire d’une usine de transformation du homard qui emploie 30 personnes, a déclaré que depuis l’ouverture des installations, en 1995, son stationnement a été presque complètement détruit cinq fois par les vagues surgissant au-dessus du brise-lames existant.

Un porte-parole du ministère du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités, Micaal Ahmed, dit qu’en raison du grand nombre de demandes, le gouvernement avait donné la priorité à celles qu’il jugeait les plus méritantes. Les infortunées municipalités dont la demande a été rejetée disent qu’elles n’ont pas assez d’argent pour financer des projets visant à protéger des infrastructures essentielles.

Le gouvernement fédéral ne peut pas encore fournir des données sur le nombre de refus sur les 287 demandes reçues lors de la plus récente période d’inscription, mentionne M Ahmed. Au cours de la précédente, en 2021, seulement 45 des 214 demandes avaient été acceptées.

La grogne se répand parmi les candidats rejetés.

Au cours d’une conférence de presse conjointe, le 3 juin, les maires des municipalités de Princeton, de Merritt et d’Abbotsford, en Colombie-Britannique, ont fait publiquement savoir leur mécontentement après que leur demande eut été rejetée. Tous se sentent mal préparés contre les inondations.

Joanna Eyquem, une géoscientifique du Centre Intact de l’adaptation au climat de l’Université de Waterloo, a examiné la demande de Hall’s Harbour et de petites localités. Elles n’ont pas présenté des projets qui «sont prêts à démarrer» comprenant une étude complète de faisabilité technique.

«C’est une étape antérieure qui n’est souvent pas présente dans les demandes au Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes», déplore-t-elle. Toutefois, elle ajoute que les refus du gouvernement fédéral soulignent le problème des petites localités qui n’ont pas les moyens de présenter des études de conception et de faisabilité.

Tout comme le maire de Princeton, Spencer Coyne, Mme Eyquem croit que l’argent devrait être distribué en se fondant sur les risques et non seulement sur la qualité de la demande. «Si un endroit précis est situé dans une zone particulièrement à risque, il doit être protégé sur le plan national.»

Daniel Houghton, l’ingénieur qui a réalisé le plan pour la demande de Hall’s Habour, dit que les autorités provinciales ont refusé deux fois la demande de la localité pour une aide d’un million de dollars pour exécuter des travaux de génie. Et le manque de financement provincial a nui à la capacité de la localité à produire à temps les études techniques exigées par le fédéral.

Un porte-parole du ministère de l’Environnement de la Nouvelle-Écosse a indiqué qu’un expert était en contact avec Hall’s Harbour et continuera à les aider à trouver des solutions pour résoudre leurs problèmes.

M. Davies dit que son groupe continuera à chercher des programmes gouvernementaux qui pourraient les aider à protéger le port.

«On ne peut pas abandonner les résidents. On va s’assurer que cet endroit obtient l’aide dont il a besoin.»

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