Train de l’Est: les élus de la couronne Nord veulent repenser le transport en commun

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

REPENTIGNY, Qc — Le train de l’Est, censé desservir l’est de la couronne Nord de Montréal, ne remplit tout simplement plus les besoins de la population.

Les élus des municipalités desservies étaient réunis à Repentigny, lundi, pour annoncer la tenue d’un forum sur la mobilité, le 30 mai prochain, auquel sont aussi invités les représentants du gouvernement du Québec et ceux des différentes instances impliquées dans le transport en commun de la région métropolitaine.

Au coeur de leurs préoccupations se trouve l’avenir du train de l’Est, dont la fréquentation est devenue famélique, non seulement à cause de la pandémie, mais aussi et surtout à cause des obstacles imposés par la construction du Réseau express métropolitain (REM), qui le prive de son accès au centre-ville de Montréal.

L’absence d’infrastructures viables de transport en commun représente un frein au développement économique et démographique de la région, selon les élus, qui ne sont guère enchantés du prix qu’ils doivent payer pour l’aménagement du REM.

«À un moment donné, il y a un gouvernement qui a pris la décision de mettre un REM en place et de le faire passer dans le tunnel. Le train de l’Est ne se rend plus (au centre-ville) à cause du tunnel», a déploré le maire de Mascouche, Guillaume Tremblay, en faisant référence au fait que le tunnel du Mont-Royal est à être aménagé pour l’usage du REM et qu’il ne peut plus servir au train de l’Est.

«Le train de l’Est, il faut vraiment le remettre en question et c’est un peu l’objectif du forum», a-t-il ajouté.

Son homologue de L’Assomption, Sébastien Nadeau, n’a d’ailleurs pas mâché ses mots quant au parcours du combattant qu’a imposé aux citoyens cette fermeture de l’accès au tunnel. «Un citoyen d’ici qui souhaite prendre le train devra d’abord faire une partie en auto pour se rendre vers un stationnement incitatif ou prendre l’autobus de chez lui, s’il y en a un, ensuite transférer vers le train de l’Est, ensuite rendu au métro Sauvé, faire un transfert et ensuite probablement un autre transfert de métro et peut-être un autre autobus pour se rendre au travail», a-t-il illustré, précisant qu’il lui avait lui-même fallu plus de deux heures pour se rendre à sa destination. Il a aussi reproché au REM de «cannibaliser les revenus déjà déficitaires du train de l’Est».

En plus, a-t-il dit, les «horaires parcimonieux» et l’absence de service les fins de semaine en font un service très peu prisé.  

Nicolas Dufour, maire de Repentigny, a noté de son côté que 115 000 automobiles traversent quotidiennement le pont Charles-de-Gaulle justement parce que l’automobile est un choix beaucoup plus rapide que le transport en commun. «Nos citoyens se sentent pris en otage matin et soir dans le trafic. La surcharge du réseau routier révèle à la fois la dépendance de nos résidants face à l’auto solo, mais aussi l’absence d’équité dont ils souffrent en matière de transport collectif.»

Cette dépendance à l’auto et l’absence d’alternative de transport collectif auront des conséquences tout à fait contraires à ce vers quoi la société doit tendre, a fait valoir Sébastien Nadeau.

«Notre réseau routier peine déjà à répondre à la demande. Dans les prochaines décennies, il faudrait investir des milliards dans l’entretien, l’élargissement et l’ajout de voies parce que nos solutions de transport en commun demeurent partielles ou exigeantes pour les citoyens», a dit le maire de L’Assomption.

«Nous méritons d’avoir du transport (collectif) de qualité», a pour sa part renchéri le maire de Terrebonne, Mathieu Traversy, rappelant que plus de 300 000 citoyens habitent la couronne Nord.  

Bien qu’ils n’aient pas voulu en avancer lors de l’annonce, les élus affirment avoir des solutions à proposer lors du forum.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires