SAINT-OUEN — Au deuxième jour de sa mission économique en France, le premier ministre du Québec, François Legault, s’est dit «confiant» que le gouvernement n’aura pas à relancer l’appel d’offres qui a été remporté par Alstom pour le projet de tramway de Québec de plus d’un demi-milliard de dollars.
«Je suis confiant, mais je n’ai pas encore les résultats des avocats», a-t-il dit lors d’une mêlée de presse à la Délégation générale du Québec à Paris, mercredi. La veille, il avait déclaré que «légalement, ce n’est pas clair, si on doit ou non retourner en appel d’offres. Donc les juristes sont en train de regarder ça.»
Les propos de M. Legault ont fait bondir l’opposition à Québec. Mercredi, le porte-parole de Québec solidaire en matière de transports, Etienne Grandmont, a rappelé que M. Legault s’est engagé à relancer le tramway en tenant compte des modifications proposées par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ Infra) le 13 juin dernier, il y a de cela 100 jours.
«Comment ça se fait que le 14 juin, il n’a pas demandé à ses équipes de juristes de vérifier si on avait besoin de refaire l’appel d’offres? a demandé M. Grandmont en point de presse. Le premier ministre se met dans un embarras immense. Il nous met dans l’embarras. On a l’air d’une belle gang de pee-wees en France en ce moment, une nation qui ne sait pas gérer ses projets.»
M. Legault avait rencontré plus tôt en journée le grand patron d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge. Questionné avec insistance par les journalistes, ce dernier a déclaré qu’Alstom est «très heureux, très honoré d’avoir été choisi par la Ville (de) Québec pour ce tramway».
«Nous faisons toute confiance aux autorités pour mener à bien ce projet», a-t-il ajouté.
«Je suppose qu’il souhaite que l’appel d’offres ne soit pas renouvelé, que l’ancien existe», avait lancé M. Legault à son arrivée au siège social mondial d’Alstom à Saint-Ouen-sur-Seine, en banlieue de Paris.
Il a soutenu qu’il n’était «pas du tout» en train de négocier lors de sa visite.
«Je ne pense pas qu’il y ait de lien à faire nécessairement avec les emplois à La Pocatière qui sont, je pense, assurés pour quelques années. C’est sûr qu’il y aura d’autre travail, éventuellement entre autres sur les wagons du métro de Montréal», a-t-il expliqué.
Au début de leur rencontre, M. Poupart-Lafarge a noté que la visite du premier ministre «souligne l’importance de nos racines québécoises, et souligne l’importance de notre activité au Québec, encore aujourd’hui – nombreuses usines, nombreux centres d’ingénierie».
La CDPQ est le plus gros actionnaire d’Alstom avec 17,5 % de l’actionnariat. M. Legault a d’ailleurs mentionné que ça lui a «fait beaucoup de peine» lorsque Bombardier Transport a été vendu à Alstom étant donné qu’il avait «de grandes ambitions» pour ce qui était un fleuron québécois.
La multinationale française possède trois sites au Québec où elle emploie un total de 2000 personnes. Le seul endroit où Alstom pourrait construire un tramway est à celui de La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent. Le site de Saint-Bruno-de-Montarville sert à de la recherche et du développement, y compris de l’ingénierie, du design et de la signalisation électronique. Celui de Montréal est administratif et commercial.
En milieu de journée, M. Legault a pris part à un «déjeuner économique» à la résidence officielle du nouveau délégué général du Québec à Paris, Henri-Paul Rousseau. À sa table se trouvaient des dirigeants d’entreprises québécoises et françaises.
En milieu d’après-midi, il s’est entretenu avec le président-directeur général d’Ubisoft. En soirée, il a tenu une réception dans un hôtel parisien.
-Avec la collaboration de Caroline Plante, à Québec