PHILADELPHIE — Le premier ministre Justin Trudeau est à Philadelphie mardi, dans le cadre de son premier voyage au sud de la frontière depuis que son gouvernement a lancé une nouvelle offensive de charme aux États-Unis.
Officiellement, il est en Pennsylvanie pour prendre la parole lors d’un congrès quadriennal nord-américain de l’Union internationale des employés des services.
Mais ce voyage intervient cinq mois après que M. Trudeau eut mandaté ses ministres de l’Industrie et du Commerce international à mener une nouvelle stratégie commerciale avec les chefs d’entreprise, les syndicats, ainsi que les gouvernements des États et des villes aux États-Unis.
Ce plan est lancé tandis que les Américains se dirigent vers une élection présidentielle cruciale pour les deux pays.
La possibilité d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche rappelle les relations bilatérales difficiles de son premier mandat.
Il a déjà promis de présenter une taxe uniforme de 10 % sur les importations à tous les pays s’il gagne une seconde fois.
En janvier, le premier ministre Trudeau a reconnu qu’une deuxième présidence Trump ne figurait pas sur la liste de souhaits du Canada.
«Ce n’était pas facile la première fois (…) et s’il y a une deuxième fois, ce ne sera pas facile non plus», a-t-il déclaré lors d’un événement à Montréal.
Il a souligné dans ce même discours que lors de la présidence Trump, il avait passé beaucoup de temps avec les gouverneurs des États américains pour leur rappeler à quel point ils dépendaient du Canada.
Une semaine plus tard, il lançait la nouvelle «stratégie d’Équipe Canada sur l’engagement avec les États-Unis».
Il s’agit d’une stratégie similaire à celle employée pendant la présidence Trump, lorsqu’Ottawa évitait autant que possible de s’en prendre directement à M. Trump et se tournait plutôt vers les entreprises et les gouvernements des États qui étaient plus ouverts aux discussions.
Les relations bilatérales pendant le mandat du président Joe Biden ont été plus amicales, mais non sans heurts.
Le Canada et les États-Unis ont progressé de concert dans un certain nombre d’innovations en matière de technologies propres, notamment en resserrant les liens dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques.
Mais au départ, M. Biden avait l’intention d’offrir un crédit d’impôt lucratif pour les véhicules électriques uniquement aux voitures fabriquées aux États-Unis. Un effort tous azimuts du Canada a convaincu les États-Unis d’élargir le champ d’application pour inclure les voitures fabriquées en Amérique du Nord avant que le crédit ne soit finalisé.
Un marché dominant au Canada
Le Canada est le plus grand acteur de l’économie américaine, représentant près du cinquième du total des exportations américaines. Le Mexique représente environ un sixième et la Chine moins d’un dixième.
Mais les États-Unis constituent un marché beaucoup plus dominant pour les exportations canadiennes, représentant 77 % de toutes les exportations en 2023, soit près de 600 milliards $.
La Chine occupe la deuxième place avec 30 milliards $, soit 4 % des exportations totales.
Le Canada a investi 30 milliards $ dans le secteur des véhicules électriques au cours des deux dernières années seulement et est en train de devenir la plaque tournante nord-américaine de la production de batteries pour véhicules électriques. Mais bon nombre de ces batteries sont destinées à des véhicules électriques qui seront achevés et vendus aux États-Unis.
Les États-Unis considèrent également le Canada comme un fournisseur clé de minéraux essentiels nécessaires à la plupart des technologies propres, notamment l’énergie renouvelable et les batteries.
Tout ajustement des taxes à l’importation pourrait avoir un effet dévastateur sur ce plan.
Justin Trudeau devrait également rencontrer des dirigeants politiques et commerciaux au cours de sa visite d’une journée.