Trudeau doit changer de ton sur les mandats d’arrêt demandés par la CPI

Dylan Robertson, La Presse Canadienne
Trudeau doit changer de ton sur les mandats d’arrêt demandés par la CPI

OTTAWA — Un groupe d’anciens politiciens et d’universitaires éminents demande au premier ministre Justin Trudeau de changer de ton sur la possibilité de mandats d’arrêt contre de hauts dirigeants israéliens.

L’ancien ministre des Affaires étrangères Lloyd Axworthy et l’ancien procureur général Allan Rock font partie des 375 signataires qui contestent l’avis de M. Trudeau suggérant que la Cour pénale internationale (CPI) a commis une fausse équivalence en demandant des accusations contre les dirigeants du Hamas et d’Israël.

«Affirmer qu’il y a quelque chose de répréhensible à soumettre les responsables israéliens aux mêmes normes de justice pénale internationale que les responsables du Hamas, c’est promouvoir un double standard et suggérer que les droits des Palestiniens comptent moins que ceux des Israéliens», peut-on lire dans la lettre.

«Il s’agit d’une approche raciste, déshumanisante et discriminatoire de la justice internationale que le Canada ne peut en aucun cas approuver.»

Le procureur en chef de la CPI a demandé la semaine dernière des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et son ministre de la Défense, ainsi que contre trois hauts dirigeants du Hamas.

M. Trudeau n’a pas commenté la demande elle-même, mais a plutôt exprimé ses inquiétudes quant à ce qu’il a appelé «une suggestion d’équivalence entre le leadership élu d’un pays démocratique, comme Israël, et les leaders du groupe terroriste meurtrier Hamas».

La vice-première ministre Chrystia Freeland et la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly ont fait des commentaires similaires, qui, selon la lettre, ont miné une motion adoptée par les libéraux en mars qui comprenait un engagement à soutenir le travail de la CPI.

Mme Joly a récemment évité de dire si le Canada arrêterait des responsables israéliens s’ils se retrouvaient soumis à un mandat d’arrêt international et visitaient le Canada. Elle a déclaré qu’il s’agissait d’une situation théorique, tout en soulignant que les hauts dirigeants du Hamas sont déjà exclus du pays, notamment parce que le groupe figure sur la liste des entités terroristes du Canada.

«Un soutien fort est vital», indiquent les signataires

La lettre de mercredi appelle M. Trudeau à publier une déclaration de soutien «inébranlable» au tribunal, notamment en s’engageant à coopérer à toute demande, y compris en matière d’arrestation, et à condamner les menaces de sanctions personnelles contre le personnel du tribunal.

La lettre comprend onze anciens ambassadeurs canadiens, ainsi que de nombreux avocats et militants. L’un des signataires, Mark Kersten, professeur de criminologie à l’Université de Fraser Valley et expert mondial de la CPI, a noté que la cour avait porté des accusations différentes contre le Hamas et les dirigeants israéliens.

La lettre note que le tribunal examine les accusations fondées sur des violations présumées du droit international, au lieu de comparer les actions des parties belligérantes.

«Un soutien fort est vital en ce moment étant donné que le procureur, le personnel de la CPI et la CPI en tant qu’institution sont confrontés à des pressions politiques considérables, à des critiques infondées et incendiaires (et) à des attaques contre l’indépendance de la Cour», peut-on lire dans la lettre.

«Ce n’est clairement pas le moment pour les champions de la justice internationale d’hésiter ou d’être ambigus.»

Les accusations découlent de la guerre entre Israël et le Hamas, qui a commencé lorsque le groupe militant a tué 1200 personnes dans une attaque en Israël en octobre dernier, qui, selon le procureur de la CPI, comprenait des viols et des tortures constituant des crimes contre l’humanité.

En réponse à l’attaque du Hamas, Israël a bombardé la bande de Gaza, affirmant qu’il tentait de vaincre le Hamas. Le groupe, que le Canada considère comme une organisation terroriste, dirige le ministère de la Santé du territoire, qui affirme que, depuis, 36 000 personnes ont été tuées, dont des combattants.

Le procureur de la CPI affirme qu’Israël a affamé les civils comme méthode de guerre et a intentionnellement dirigé des attaques contre des civils, ce qui constitue des crimes de guerre.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires