Trudeau donnera le coup d’envoi dimanche de la retraite du Cabinet à Halifax

Mia Rabson, La Presse Canadienne
Trudeau donnera le coup d’envoi dimanche de la retraite du Cabinet à Halifax

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau donnera le coup d’envoi dimanche à une réunion du cabinet de trois jours à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Les thèmes abordés seront l’équité et les relations canado-américaines, mais il y aura un sentiment de déjà vu.

Il y a un an, à Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, le cabinet espérait que sa retraite annuelle de fin d’été et l’important remaniement ministériel qui l’avait précédée insuffleraient un nouvel élan au gouvernement libéral.

Ce ne fut pas le cas.

Les libéraux de Justin Trudeau tirent encore de l’arrière sur les conservateurs dans les sondages alors que les prochaines élections fédérales doivent avoir lieu d’ici le 20 octobre 2025.

Plusieurs enjeux feront l’objet de discussions entre les ministres.

Les coûts et l’accessibilité des logements demeurent un lourd fardeau sur les épaules de la population, les prix des aliments sont toujours élevés et les libéraux n’ont pas été en mesure de contrer le message du chef conservateur Pierre Poilievre, selon lequel la vie est devenue plus chère et moins sécuritaire sous le gouvernement Trudeau.

Les taux d’intérêt ont cependant commencé à baisser et l’inflation est revenue dans la normale. La croissance des salaires a aussi été forte.

En juin, les libéraux ont cependant perdu un siège à Toronto, un bastion libéral, érodant davantage la confiance fragile envers le Parti libéral du Canada (PLC).

Les ministres fédéraux se sont brièvement réunis en ligne au cours de l’été, mais le souper de travail qui marquera le début de la retraite du cabinet dimanche sera la première réunion en personne depuis cette élection partielle.

Marci Surkes, responsable de la stratégie des relations gouvernementales à la firme de relations publiques Compass Rose, indique que la plupart des retraites du Cabinet sont axées à 90 % sur les affaires du gouvernement. Cette ancienne cadre libérale précise que seulement 10 % du reste du temps porte généralement sur la politique et la gestion des caucus. Toutefois, il pourrait y avoir plus d’accent sur ces derniers points, admet d’emblée Mme Surkes, surtout lors des conversations informelles.

«Ce gouvernement a désespérément besoin d’un nouveau départ, dit-elle. Mais il faut aussi être en mesure de mieux réagir aux changements constants qui se produisent dans le monde et au Canada, plutôt que d’essayer de prévoir chaque étape des 6 à 12 mois qui précèdent le vote.»

Le remaniement ministériel de juillet 2023 a entraîné le départ de sept ministres et l’ajout de sept nouveaux visages, tandis que 22 des 30 autres restants ont été mutés à des rôles différents. Seuls des changements mineurs ont été apportés depuis, et jusqu’à maintenant, M. Trudeau a choisi de ne pas remanier le cabinet avant la rentrée parlementaire de l’automne.

Mme Surkes fait remarquer que les retombées de ce remaniement de 2023 se font encore sentir.

Les élections partielles de Toronto—St. Paul’s, que les libéraux ont perdues en juin, et l’élection partielle à venir dans la circonscription de LaSalle–Émard–Verdun, à Montréal, surviennent après les départs des anciens ministres Carolyn Bennett et David Lametti, qui ont choisi de quitter la vie politique après avoir perdu leur portefeuille ministériel.

Le siège de Mme Bennett à Toronto a été perdu au profit des conservateurs. La circonscription était occupée par les libéraux depuis près de 30 ans. Celle de M. Lametti pourrait succomber à l’offensive menée par le NPD. L’élection partielle se déroulera le 16 septembre. Une défaite représenterait «un coup dévastateur» pour la troupe à Justin Trudeau, selon Mme Surkes.

La retraite du cabinet comprend lundi une journée complète de réunions sur le logement, l’équité et l’abordabilité, et la classe moyenne.

La journée de mardi sera consacrée aux relations canado-américaines. M. Trudeau a lancé une nouvelle mission d’Équipe Canada aux États-Unis plus tôt cette année pour faire valoir les intérêts du Canada avant l’élection présidentielle.

La stratégie, que Marci Surkes appelle en plaisantant «l’offensive du charme de l’érable», vise à renforcer les intérêts du Canada advenant que Donald Trump soit réélu à la Maison-Blanche en novembre, mais il y a aussi des irritants dans la relation entre Ottawa et Washington même si Kamala Harris prend le pouvoir.

La montée fulgurante de la candidate démocrate, Kamala Harris, aux États-Unis, est peut-être l’une des choses qui donnent un peu d’énergie nouvelle aux libéraux fédéraux. Les libéraux canadiens et les démocrates américains partagent les mêmes idées sur de nombreux enjeux comme les repas scolaires, les droits reproductifs des femmes, les changements climatiques et l’énergie propre.

Et beaucoup de libéraux ont pu remarquer que c’est la décision du président Joe Biden de quitter la course à la présidence qui a apporté une soudaine poussée d’énergie et d’élan aux démocrates.

Les spéculations sur l’avenir du premier ministre Justin Trudeau sont aussi un sujet dans les milieux politiques canadiens, même ce dernier n’a pas laissé entendre qu’il songeait à quitter la direction de son parti ou la politique. Mme Surkes ne croit pas que M. Trudeau suivra l’exemple de M. Biden.

«Je m’attends à voir beaucoup d’emprunt de technique, d’emprunt de langage (…), mais il ne fait aucun doute dans mon esprit que ce que nous voyons là-bas va se retrouver dans ce qui se passera ici au cours des six prochains mois en termes d’ordre du jour», prédit-elle.

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