Trudeau félicite Modi pour sa réélection et mentionne la primauté du droit

La Presse Canadienne
Trudeau félicite Modi pour sa réélection et mentionne la primauté du droit

OTTAWA — Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a félicité son homologue indien, Narendra Modi, pour sa réélection, tout en rappelant l’importance de la primauté du droit.

M. Modi a remporté mardi des élections qui ont duré une semaine, obtenant la majorité, mais perdant plus de sièges que prévu au profit des partis d’opposition.

Ce résultat pourrait ouvrir la voie à une rupture diplomatique avec le Canada, même si les experts estiment que cela prendrait un certain temps.

«Le gouvernement indien doit maintenant obtenir davantage de victoires. Je pense qu’il pourrait être tout à fait disposé à travailler avec le Canada pour trouver une solution», a fait valoir Vijay Sappani, analyste à l’Institut Macdonald-Laurier.

Malgré le volume important d’échanges commerciaux entre le Canada et l’Inde, les relations sont tendues depuis des années en raison des efforts déployés par certains Canadiens pour plaider en faveur de la création d’une patrie sikhe distincte de l’Inde, appelée Khalistan.

Ces tensions ont atteint leur paroxysme l’automne dernier lorsque M. Trudeau a publiquement accusé le gouvernement indien d’être impliqué dans le meurtre du militant sikh Hardeep Singh Nijjar près de Vancouver.

Dans une déclaration écrite, le chef libéral a affirmé que le Canada est «prêt à travailler avec l’Inde pour faire progresser les relations entre nos populations, de sorte qu’elles soient basées sur les droits de la personne, la diversité et la primauté du droit».

M. Sappani souligne qu’il faudra des mois avant que le gouvernement Modi choisisse un ministre des Affaires étrangères et entreprenne des démarches diplomatiques. Selon lui, il y a toutefois des raisons d’être optimiste.

«En fonction de l’évolution du cas Nijjar et de la volonté des deux parties d’aller de l’avant, nous devrions commencer à constater une amélioration de (la) relation», a-t-il assuré.

À son avis, un «bon signal » de la part de l’Inde serait le rétablissement de l’immunité diplomatique retirée à 41 envoyés canadiens l’automne dernier.

Il a noté que deux féroces partisans du Khalistan, le nom de l’État revendiqué par les indépendantistes sikhs de l’État indien du Pendjab, ont été élus au parlement indien, dont un est en prison. Cela devrait servir de preuve que le mouvement Khalistan est populaire en Inde et pas seulement dans d’autres pays, a-t-il déclaré.

«Le Canada aura des munitions, mais les deux pays ont intérêt à avoir ces conversations en privé.»

M. Sappani a ajouté que le Canada pourrait travailler avec les États-Unis pour obtenir la garantie que l’Inde ne sera pas impliquée dans de futures tentatives visant les sikhs à l’étranger.

«L’Inde a appris la leçon: on ne fait pas ce genre de chose dans un pays de l’OTAN.»

«Beaucoup d’appréhension» parmi les sikhs

Les militants indépendantistes sikhs restent très critiques à l’égard du gouvernement Modi, dont la ligne actuelle, en réponse à l’assassinat de M. Nijjar, est qu’il n’a pas de politique d’assassinat de personnes à l’étranger.

Le New-Yorkais Gurpatwant Singh Pannun, un ami proche de Hardeep Singh Nijjar que les procureurs américains considèrent comme une potentielle cible d’assassinat, a déclaré que le fait que le parti de M. Modi ait perdu des sièges ne changeait pas le niveau de risque auquel les séparatistes sont confrontés.

«La question n’est pas de savoir qui dirige l’Inde. La question est de savoir si nous serons en mesure d’obtenir le droit de vote pour l’indépendance du Pendjab», a-t-il souligné.

Il y aura «beaucoup d’appréhension» parmi les sikhs, croit Jasveer Singh, porte-parole de la Sikh Press Association, représentant le mouvement indépendantiste.

Mais il a ajouté que de nombreux membres de la communauté se sentent justifiés par le changement de sentiment du public qui s’est manifesté dans le résultat des élections.

«Dans une certaine mesure, il ne fait aucun doute que cela reflète un mépris croissant pour le régime fanatique et nationaliste (sous) Modi.»

La performance plus faible de M. Modi signifie que son parti, Bharatiya Janata, est plus dépendant de ses alliés politiques pour former un gouvernement de coalition, a noté Shivaji Mukherjee, professeur adjoint de sciences politiques à l’Université Simon Fraser de Burnaby, en Colombie-Britannique.

Selon lui, cela pourrait signifier que le gouvernement assouplirait son approche à l’égard des musulmans, des sikhs et des autres communautés minoritaires en Inde.

L’effet sur la situation internationale est moins clair, a nuancé M. Mukherjee.

Il a néanmoins déclaré qu’il pensait que les relations entre le Canada et l’Inde s’étaient déjà améliorées et que, s’il n’y avait pas de changements majeurs au sein du cabinet de M. Modi, elles «continueraient à s’améliorer lentement».

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