Tuerie en N.-É.: l’enquête montre des documents sur le chaos qui régnait le dimanche

La Presse Canadienne
Tuerie en N.-É.: l’enquête montre des documents sur le chaos qui régnait le dimanche

HALIFAX — Quelques heures après qu’un homme armé a tué 13 personnes à Portapique, dans le nord de la Nouvelle-Écosse, le samedi 18 avril 2020 en soirée, la GRC ignorait qu’il avait recommencé à tirer sur des gens, le dimanche matin, jusqu’à ce que des appels affolés au 9-1-1 commencent à affluer, dans deux secteurs différents.

À ce moment-là, le dimanche matin vers 9 h 30, quatre autres personnes avaient été abattues — et le tueur était toujours en cavale. 

Deux documents rendus publics mercredi par la commission d’enquête sur la tuerie indiquent clairement que le dimanche 19 avril 2020, à l’aube, la plupart des Néo-Écossais ignoraient tout du chaos qui avait commencé la veille au soir à Portapique.

«C’est là, après un bref répit pendant la nuit, que l’agresseur a réactivé sa tuerie», a déclaré mercredi le procureur de la commission Roger Burrill. 

Que s’est-il passé entre 6 h 35 et 9 h ?

Les nouveaux documents indiquent qu’après avoir passé la nuit du 18 avril dans son véhicule à Debert, le tireur est parti avant l’aube et a parcouru une quarantaine de kilomètres, sans être repéré, jusqu’à une résidence de West Wentworth, dans un secteur rural.

Les images de caméra de surveillance indiquent que le tueur est arrivé chez Sean McLeod et Alanna Jenkins, sur Hunter Road, à 6 h 35 dimanche matin. Les voisins ont rapporté avoir entendu des coups de feu, à plusieurs reprises, mais on ne sait pas exactement ce qui s’est passé sur cette propriété isolée entre 6 h 35 et 9 h. 

Les enquêteurs civils et policiers croient que ces deux victimes ont été abattues chez elles, avant que la maison ne soit incendiée. «Il est difficile de savoir exactement ce qui s’est passé dans cette maison», a déclaré Me Burrill, mercredi. «C’est une source de frustration, en termes d’informations dont nous disposons.»

L’enquête a déjà appris que les deux victimes, qui travaillaient toutes les deux comme agents correctionnels, connaissaient le tueur, que la police avait identifié la nuit précédente comme étant Gabriel Wortman, âgé de 51 ans. Le document ne spécule pas sur un mobile pour ces meurtres, mais la GRC a déclaré que le tueur était probablement un redresseur de torts déterminé à régler de vieilles rancunes.

Les enquêteurs de la commission pensent que leur voisin, Tom Bagley, un pompier à la retraite, était sorti pour une promenade matinale un peu après 8 h 50 lorsqu’il a remarqué la maison en flammes et a tenté d’offrir son aide. Il a été abattu juste à l’extérieur de la maison, avant que le tueur ne reparte, vers 9 h 20.

Pas d’alertes générales

Lors d’un entretien ultérieur avec sa femme, Patsy, les enquêteurs ont appris que M. Bagley avait consulté Facebook et écouté les nouvelles avant de partir pour sa promenade, mais rien n’indique que lui ou sa femme avaient appris quoi que ce soit sur les meurtres de la soirée précédente à Portapique.

La GRC a fait l’objet de vives critiques pour la façon dont elle a communiqué avec la population pendant toute cette opération. Des questions ont notamment été soulevées quant à la raison pour laquelle la GRC n’avait pas utilisé le Système national d’alertes à la population pour l’avertir de la présence d’un «tireur actif».

Le système peut être utilisé pour transmettre des messages urgents à la télévision, à la radio et sur les appareils sans fil. Certains critiques, y compris des proches de victimes, ont déclaré que l’utilisation de Twitter par la GRC n’avait aucun sens, car les résidants en milieu rural utilisent rarement cette plateforme.

Il y a également eu des spéculations selon lesquelles la GRC n’avait pas intensifié ses avertissements pendant la nuit du 18 avril, parce qu’elle était persuadée que la menace était passée, puisque les tirs avaient cessé à Portapique. La commission fédérale-provinciale d’enquête, qui a amorcé ses audiences publiques le 22 février, a appris que certains policiers de la GRC avaient supposé que le tireur s’était suicidé dans un boisé de Portapique cette nuit-là.

Alerte pour un «tireur actif» à 8 h 02 

Ce n’est qu’après 7 h 30 dimanche matin que la police a appris de la conjointe de Wortman qu’il avait pu échapper aux recherches policières à bord d’une réplique d’autopatrouille de la GRC.

À 8 h 02, la GRC a publié un bref avertissement sur Twitter, soulignant pour la première fois qu’ils étaient à la recherche d’un «tireur actif» dans la région de Portapique. Mais ce n’est qu’à 10 h 17 qu’ils ont prévenu les résidants que le suspect était au volant d’une autopatrouille. 

À 9 h 42, les policiers de toute la région ont été alertés que la voiture du suspect avait été aperçue. Ils ont aussi appris la mort de Lillian Campbell, de Wentworth, qui était sortie pour une promenade matinale lorsque Wortman l’a dépassée sur la route, a fait demi-tour et est revenu l’abattre. 

C’est à ce moment-là que la GRC a réalisé où se trouvait le tueur, indiquent les documents. Des policiers de toute la région se sont alors joints à la chasse à l’homme.

Le suspect a ensuite tué cinq autres personnes, dont une policière de la GRC et une femme enceinte. Il a été abattu juste avant 11 h 30 par un policier qui l’a aperçu en train de faire le plein d’une voiture volée dans une station-service à 30 km au nord de Halifax.

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