Un adolescent trans de l’Alberta se lève contre le «morinommage» de son école

Fakiha Baig, La Presse Canadienne
Un adolescent trans de l’Alberta se lève contre le «morinommage» de son école

OKOTOKS — Remi Laboucane obtenait son diplôme d’études secondaires cet été, prêt à aborder le prochain chapitre de sa vie, lorsqu’il a ouvert son album des finissants pour constater que lui et d’autres élèves transgenres de la Foothills Composite High School à Okotoks, en Alberta, avaient été morinommés.

«C’était juste un cauchemar», a dit le jeune de 18 ans, en entrevue.

«J’ai écrit une lettre (à notre directeur) et j’ai dit: «Ce n’est pas correct, et cela doit être changé».»

«Être appelé par mon morinom, même par accident, c’est juste bizarre. Cela m’a rappelé le passé, et ces souvenirs ne sont pas toujours bons à revisiter.»

Le morinom («deadname») fait référence au prénom qu’une personne transgenre a reçu à la naissance, mais qu’elle n’utilise plus après la transition.

Les défenseurs des personnes trans affirment qu’à mesure que la sensibilisation augmente, le phénomène du «morinommage» augmente également.

Remi Laboucane a affirmé que son morinom lui rappelait les moments difficiles qu’il a traversés avant de commencer l’école secondaire, lorsqu’il a été victime d’intimidation de la part de ses pairs parce qu’il s’était révélé non binaire.

«Puis, quand j’ai révélé mon identité trans, la situation a empiré. Je me suis dit: «Je ne suis pas capable»», a-t-il raconté.

«J’ai dit à ma mère: «Je veux changer d’école».»

Au moment où il commençait ses études secondaires, M. Laboucane avait choisi son nouveau prénom et en avait informé la direction de l’école.

Ses professeurs ont changé son prénom sur leurs listes de présence et tout s’est déroulé sans problème – jusqu’à l’album des finissants.

L’école a déclaré qu’elle réimprimerait les pages avec les bons prénoms et les mettrait à la disposition de toute personne ayant acheté un album des finissants.

La division scolaire Foothills a assuré qu’elle apportait des modifications à ses lignes directrices pour s’assurer que le «morinommage» ne se reproduise plus.

«Nous comprenons à quel point cette erreur est bouleversante et blessante pour les élèves et leurs familles qui ont été touchés, ainsi que pour l’ensemble de la communauté (scolaire)», a écrit la division dans un communiqué.

Pas un nouveau concept

Kristopher Wells, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la compréhension par le public des jeunes faisant partie de minorités de genre et d’orientation sexuelle, a déclaré que le concept de «morinommage» existe depuis des années.

Il a affirmé que cela a récemment pris de l’importance, en particulier sur les réseaux sociaux, alors que les gouvernements du monde entier adoptent des lois visant à restreindre les droits LGBTQ+.

«Le «morinommage» est apparu conjointement avec le slogan: «Ce n’est pas mon identité; cette personne est morte pour moi»», a expliqué M. Wells, professeur à l’Université MacEwan d’Edmonton.

Quand les gens morinomment, dit-il, c’est souvent pour appuyer un propos méprisant.

«C’est souvent utilisé de manière très discriminatoire, a-t-il dit. C’est vraiment une atteinte à leur identité.»

«Cela repose sur l’idée que l’identité de genre n’est pas réelle.»

M. Wells a affirmé que le «morinommage» pourrait bientôt devenir un problème plus important au Canada, compte tenu des changements survenus dans certaines provinces.

En Saskatchewan, le gouvernement a invoqué la clause dérogatoire de la Charte l’année dernière pour adopter une loi exigeant le consentement parental des élèves de moins de 16 ans pour les changements de prénom ou de pronom à l’école.

Le Nouveau-Brunswick a également mis en place une politique exigeant le consentement parental pour les moins de 16 ans.

En Alberta, le gouvernement a promis d’apporter des changements afin que les élèves de 15 ans et moins aient besoin du consentement parental. Les élèves de 16 et 17 ans n’auront pas besoin de consentement, mais leurs parents devront quand même en être informés.

MM. Wells et Laboucane ont affirmé que de telles politiques risquent de révéler l’identité de genre des jeunes transgenres et non binaires à leurs familles, les mettant potentiellement en danger.

«Malheureusement, la réalité est que tous les parents ne soutiennent pas leurs enfants LGBTQ», a fait savoir M. Wells.

Remi Laboucane a ajouté que les politiques «donnent l’impression que le monde est contre vous».

«Beaucoup de gens doivent comprendre que cela peut être très libérateur de porter un nom différent.»

— Avec des informations de Mickey Djuric à Ottawa et de l’Associated Press

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