Un autre béluga est mort à Marineland; l’enquête de l’Ontario se poursuit

Liam Casey, La Presse Canadienne
Un autre béluga est mort à Marineland; l’enquête de l’Ontario se poursuit

TORONTO — Un autre béluga est mort à Marineland et quatre ans après le début d’une enquête provinciale, le solliciteur général de l’Ontario n’offre pas beaucoup de détails sur les progrès de celle-ci.

Le dernier décès de béluga est le quatrième au cours de la dernière année, selon les registres provinciaux. Depuis 2019, 16 bélugas et un épaulard sont morts à l’attraction touristique de Niagara Falls, en Ontario, le seul endroit au pays qui détient encore des baleines en captivité. Et trois bélugas sur cinq que Marineland a vendus au Mystic Aquarium, dans le Connecticut, sont morts depuis leur transfert là-bas au printemps 2021.

Les services de protection des animaux de l’Ontario, qui font partie du ministère du Solliciteur général, ont lancé une enquête sur Marineland en 2020.

L’année suivante, la province a déclaré que tous les mammifères marins de Marineland étaient en détresse en raison de la mauvaise qualité de l’eau et a ordonné au parc de régler le problème – le parc a fait appel tout en niant que ses animaux étaient en détresse, mais a ensuite abandonné cet appel.

On sait peu de choses sur l’état actuel de l’enquête provinciale. Il y a peu d’informations disponibles sur les mesures prises par l’Ontario et la mort la plus récente du béluga a amené les politiciens de l’opposition et les défenseurs du bien-être des animaux à s’interroger sur ce qu’ils considèrent comme un manque de transparence de la part de la province.

Un porte-parole du Solliciteur général Michael Kerzner, dont le ministère est responsable du bien-être des animaux dans toute la province, a déclaré que les services de protection des animaux ont effectué plus de 200 inspections dans le parc.

«Comme cela a été démontré par le passé, les services de protection des animaux n’hésiteront pas à émettre des ordonnances ou à porter des accusations en cas de violation des normes de protection des animaux à Marineland», a écrit le porte-parole Hunter Kell dans un communiqué.

Le bureau de M. Kerzner n’a pas voulu préciser en quoi consistaient les inspections, ni quels ordres ont été émis, ni dans quel but.

Le public préoccupé, selon l’opposition

Cela ne suffit pas pour le député provincial local.

«C’est terrible que ces animaux meurent à Marineland, mais le public a le droit de savoir ce qui se passe là-bas», a soutenu Wayne Gates, l’élu néo-démocrate de Niagara Falls.

«Nous avons besoin que le solliciteur général vienne à la table et que nous ayons une discussion intelligente sur la façon dont nous allons protéger les animaux.»

Le public est très préoccupé par les animaux de Marineland, a souligné John Fraser, le leader parlementaire du Parti libéral de l’Ontario.

«Le gouvernement prétend qu’il visite fréquemment les lieux, mais il ne dit à personne ce qu’il fait et les baleines continuent de mourir», a-t-il déploré.

«Qu’ont-ils à cacher s’ils font leur travail?»

Marineland n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaires.

Le parc affirme depuis longtemps qu’il traite bien ses animaux. Son site web indique qu’il a «un solide bilan» en matière de bien-être de ses animaux et qu’il «continuera à donner la priorité à leur santé et à leur bien-être».

Concernant le dernier décès, le ministère du Solliciteur général n’a fait que confirmer que le béluga est mort en juillet. Le porte-parole Brent Ross a annoncé que deux manchots de Magellan sont également morts à Marineland en août.

M. Ross a renvoyé les questions sur la cause du décès du béluga à Marineland, et d’autres questions de suivi au bureau du ministre. Ni Marineland ni le bureau du ministre n’ont répondu aux questions.

Brent Ross a également déclaré que l’inspectrice en chef du bien-être animal de la province, Melanie Milczynski, a refusé d’être interviewée. Mme Milczynski est la quatrième inspectrice en chef du bien-être animal depuis que les services de protection des animaux ont commencé à fonctionner fin 2019. Les chefs successifs ont refusé plusieurs demandes d’entrevue.

L’accès à l’information entravé

Les efforts pour en savoir plus sur Marineland par le biais du processus d’accès à l’information ont également affronté de nombreux obstacles.

En février 2023, La Presse Canadienne a déposé une demande auprès du gouvernement pour obtenir l’accès aux rapports d’inspection et aux ordonnances émises à Marineland, ainsi qu’une copie d’un rapport de 65 pages commandé par le gouvernement sur l’état de l’eau du parc.

Deux semaines plus tard, la demande a été rejetée dans son intégralité, invoquant des exemptions selon lesquelles les informations pourraient interférer avec l’application de la loi et étaient soumises au secret professionnel de l’avocat. Une troisième exemption stipulait que la divulgation des dossiers constituerait une «atteinte injustifiée à la vie privée».

La Presse Canadienne a fait appel de l’affaire auprès du Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario. En septembre de l’année dernière, le gouvernement a accepté de fournir une partie des informations. Marineland a fait appel de la décision, ce qui signifie que les dossiers n’ont pas été divulgués.

En mai, le bureau de l’accès à l’information a accepté de divulguer plus de 500 pages de documents. Parmi ceux-ci devaient figurer des copies de 28 ordonnances émises à Marineland et de 12 rapports gouvernementaux sur le parc. Marineland a de nouveau fait appel.

La médiation dans cette affaire a échoué et le dossier sera soumis à un jugement. Il faudra peut-être des mois ou plus avant qu’une résolution ne permette de rendre les documents publics.

Un parc toujours à vendre

La propriétaire de Marineland, Marie Holer, est décédée le mois dernier. À l’époque, le parc avait déclaré qu’un plan de succession avait été mis en place, mais n’avait pas fourni de détails.

Le parc est à vendre depuis plus d’un an. La vaste propriété s’étend sur plus de 400 hectares à seulement un kilomètre des chutes Horseshoe et du cœur du quartier touristique de Niagara Falls.

Marineland n’a pas dit ce qu’il ferait des animaux une fois le parc vendu.

Cette année, il n’a été ouvert aux visiteurs que pendant deux mois, contrairement à sa période habituelle, du long week-end de mai jusqu’à l’Action de grâce. Il n’y avait pas de manèges et la grande majorité des animaux n’étaient pas exposés.

Un journaliste et photographe de La Presse canadienne ont visité Marineland à l’été 2023, et le personnel a déclaré qu’il y avait 37 bélugas dans le parc. Peu de temps après cette visite, le parc a interdit au journaliste l’accès à sa propriété.

Des images prises par un drone par le groupe de défense UrgentSeas, cofondé par un ancien entraîneur de baleines de Marineland, ont démontré qu’il y avait 33 bélugas dans le parc à la mi-septembre. Le groupe a plaidé qu’il fallait en faire davantage pour enquêter sur les décès d’animaux dans le parc.

«Marineland a normalisé les baleines mortes», a dénoncé le cofondateur du groupe, Phil Demers, qui est devenu un détracteur virulent du parc.

«Ce qui m’inquiète, c’est que lorsque vous normalisez des choses comme ça, les gens deviennent apathiques, et le gouvernement est coupable de cela aussi.»

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires