Les deux plus grandes compagnies ferroviaires canadiennes ont commencé à interrompre le transport en marchandise en prévision d’un arrêt de travail qui pourrait aussi perturber le commerce transfrontalier entre le Canada et les États-Unis.
Les chemins de fer du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) et du Canadien National, qui transportent des millions de tonnes de marchandises à travers la frontière, ont tous deux cessé de prendre en charge certaines cargaisons de matières dangereuses et de produits réfrigérés.
Les deux entreprises menacent d’imposer un lock-out aux travailleurs membres des Teamsters à partir de jeudi si aucun accord n’est conclu.
Le CPKC a prévenu samedi qu’il cessera toutes les livraisons du Canada vers les États-Unis et des États-Unis vers le Canada dès mardi.
La Presse Canadienne a rapporté vendredi qu’une note interne du CN indiquait que l’entreprise avait commencé à imposer un embargo sur certaines marchandises dangereuses en provenance des États-Unis en prévision d’un arrêt de travail.
Jeff Windau, analyste industriel pour Edward Jones & Co., a révélé que son entreprise s’attend à ce que les arrêts de travail ne durent que quelques jours, mais si cela devait se poursuivre, il pourrait y avoir d’importantes perturbations à la chaîne d’approvisionnement aux États-Unis.
«Si quelque chose devait se prolonger à plus long terme, il y aurait des problèmes potentiels importants, étant donné la quantité de marchandises qui sont traitées chaque jour, a prévenu M. Windau. D’une manière générale, les chemins de fer touchent à pratiquement toute l’économie. »
Les deux compagnies de chemins de fer traitent environ 40 000 wagons de marchandises chaque jour, d’une valeur d’environ 1 milliard $, a indiqué M. Windau. Le transport d’automobiles et de pièces automobiles, de produits chimiques, de produits forestiers et de produits agricoles serait durement touché, a-t-il mis en garde, en particulier à l’approche de la saison des récoltes.
Les deux sociétés ferroviaires ont de vastes réseaux aux États-Unis, et CPKC dessert également le Mexique. Ces opérations continueront de fonctionner même en cas d’arrêt de travail.
Un «lock-out presque certain»
La CPKC a déclaré qu’elle restait déterminée à éviter un arrêt de travail qui porterait préjudice à l’économie du Canada et à sa réputation internationale. «Cependant, nous devons prendre des mesures responsables et prudentes pour nous préparer à une éventuelle interruption du service ferroviaire la semaine prochaine», a déclaré le porte-parole Patrick Waldron dans un communiqué.
La fermeture du réseau permettra à la compagnie ferroviaire de retirer les marchandises dangereuses de leur réseau avant tout arrêt, a assuré la CPKC.
Le porte-parole du syndicat, Christopher Monette, a déclaré dans un courriel samedi que les négociations se poursuivaient, mais que la situation était passée d’une grève possible à un «lock-out presque certain».
La CPKC a déclaré que les négociations devraient se poursuivre dimanche avec le syndicat, qui représente près de 10 000 travailleurs des deux entreprises ferroviaires. L’entreprise a déclaré qu’elle continuait de négocier de bonne foi.
Le Canadien National a déclaré dans un communiqué vendredi qu’il n’y avait eu aucun progrès significatif dans les négociations et qu’il espérait que le syndicat «s’engagerait de manière significative» lors d’une réunion prévue samedi.
«Le CN veut une résolution qui permette à l’entreprise de revenir à ce qu’elle fait de mieux en équipe, à savoir faire avancer les marchandises des clients et l’économie», a précisé le groupe ferroviaire.
Les négociations sont en cours depuis novembre dernier et les contrats ont expiré à la fin de 2023. Ils ont été prolongés pendant que les pourparlers se poursuivaient.
Le syndicat a déclaré que les demandes de l’entreprise concernant la planification des équipages, la sécurité ferroviaire et la fatigue des travailleurs sont les principaux points de friction.
M. Windau a déclaré que l’industrie du camionnage dispose actuellement d’une importante capacité excédentaire et pourrait être en mesure de compenser une partie des volumes d’expédition des chemins de fer, mais «vous ne pourrez pas remplacer tout cela par le camionnage».