MONTRÉAL — Une mère et sa fille sont décédées dans l’incendie qui a fait rage dans le Vieux-Montréal, a annoncé samedi le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Léonor Geraudie, 43 ans, et sa fille, Vérane Reynaud Geraudie, 7 ans, originaires de la France, ont péri dans le brasier qui s’est déclaré vers 2 h 40 vendredi, dans un édifice de trois étages situé sur la rue Notre-Dame Est, près de la rue Bonsecours.
La coroner responsable de l’enquête, Géhane Kamel, et le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale ont confirmé l’identification des victimes.
«Nos enquêteurs sont en lien avec la famille en France et les proches, et ils continuent à travailler à reconstituer l’événement», a déclaré David Shane, responsable des communications au SPVM, lors d’un point de presse samedi après-midi. Les informations du corps policier laissent croire qu’il n’y aurait pas de victimes supplémentaires dans les décombres de l’incendie.
M. Shane a indiqué que 25 personnes se seraient trouvées dans le bâtiment dans lequel l’incendie a fait rage, et que 23 personnes ont pu être retrouvées. Parmi ces dernières, deux ont été blessées. L’un des blessés a été transporté à l’hôpital et reçoit toujours des soins.
Le centre d’aide aux victimes et aux familles est toujours en place. Toute personne craignant que l’un de ses proches se soit trouvé à l’intérieur de l’immeuble peut communiquer avec le 514-280-1294, une ligne téléphonique disponible 24 heures sur 24.
M. Shane a précisé que la Section des crimes majeurs, en collaboration avec le Module des incendies criminels, poursuit l’enquête.
«Ayant pris charge officiellement des lieux aujourd’hui (samedi), les enquêteurs vont pouvoir débuter le travail minutieux d’investigation de la scène de crime. Les travaux de sécurisation de la scène sont en cours, avec l’aide d’un ingénieur et d’une équipe de la Ville de Montréal», a précisé le responsable des communications du SPVM.
Il a ajouté que le corps policier ne diffusera pas d’informations sur les causes possibles de l’incendie ou sur la recherche de suspects pour l’instant, afin de ne pas nuire à l’enquête.
Sur le réseau social X, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a dit que ses pensées vont aux proches des victimes.
«Le service de police a ouvert une enquête criminelle aux crimes majeurs (vendredi) et toutes les pistes seront prises en compte. J’ai confiance que la détermination des enquêteurs et enquêtrices permettra de faire toute la lumière sur ce drame», a-t-elle écrit.
Bonnardel demande de fusionner les enquêtes du coroner
Plus tôt samedi, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a indiqué que l’enquête du coroner concernant cet événement pourrait être combinée avec celle sur l’autre incendie mortel survenu l’année dernière dans le même secteur.
Selon le rôle d’évaluation foncière de la Ville de Montréal, l’immeuble où s’est produit l’incendie suspect appartiendrait à Emile Benamor, qui possédait aussi le bâtiment patrimonial de la place D’Youville qui a été ravagé par un incendie en mars 2023. Ce brasier avait fait sept victimes.
«Mon cabinet ce matin (samedi) a parlé au coroner en chef (Reno) Bernier. On va voir de quelle façon on pourrait combiner ces deux malheureux événements dans une même enquête pour accélérer le processus», a affirmé M. Bonnardel, lors d’un point de presse samedi après-midi, à proximité du lieu de l’incendie.
L’enquête du coroner concernant l’incendie de la place D’Youville avait été mise en suspens jusqu’à la fin de l’enquête criminelle du SPVM.
M. Shane a indiqué que le SPVM a remis un dossier au procureur de la Couronne au sujet de l’enquête criminelle sur l’incendie de la place D’Youville, qui l’analyse actuellement. L’enquête du coroner pourra avoir lieu par la suite.
Un immeuble conforme, dit le SIM
Aux côtés de M. Shane lors du point de presse de samedi, Martin Guilbault, chef aux opérations du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), a indiqué que l’immeuble dans lequel l’incendie a fait rage était conforme.
«Le SIM a obtenu la confirmation le 10 septembre 2024 du professionnel responsable que des gicleurs ne sont pas exigés pour cet immeuble», a indiqué M. Guilbault.
Le chef aux opérations a rappelé que des fenêtres ne constituent pas un moyen d’évacuation en matière de sécurité incendie, mais qu’il y avait des fenêtres dans chacune des chambres de l’immeuble, à l’exception d’un endroit.
«C’est une spécificité par rapport au code qu’on est en train de vérifier, par rapport aux exceptions qui peuvent être mises en place», a-t-il détaillé.
Les pompiers ont travaillé plus de 24 heures sur l’intervention concernant cet incendie, qui s’est terminée samedi après-midi. L’incendie avait été maîtrisé entre 2 h et 3 h au petit matin.
Plusieurs personnes ont pu sortir indemnes de l’immeuble qui abrite un restaurant au rez-de-chaussée et un hôtel de 19 chambres aux deuxième et troisième étages. La Croix-Rouge s’est rendue sur les lieux pour offrir son aide aux sinistrés.
M. Guilbault a raconté que les pompiers ont dû composer avec une «situation chaotique» lors de leur arrivée. Ils ont dû faire deux sauvetages au début de l’intervention.
– Avec des informations de Frédéric Lacroix-Couture