Une nouvelle chaire de recherche pour mieux se préparer aux futures pandémies

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Une nouvelle chaire de recherche pour mieux se préparer aux futures pandémies

MONTRÉAL — Puisqu’il est impossible de prédire quand aura lieu la prochaine pandémie, mieux vaut s’y préparer tout de suite. C’est pour surveiller des familles de virus et pour pouvoir se doter de bonnes mesures de santé publique qu’une nouvelle chaire de recherche voit le jour à l’Université Laval.

Cette Chaire d’excellence en recherche du Canada bénéficiera d’un financement de 8 millions $ sur huit ans pour surveiller les virus de l’influenza de type A et les coronavirus.

Pour diriger les travaux, l’Université Laval a recruté Kanta Subbarao, une experte internationale en biologie des virus, des interactions virus-hôte et des réponses immunitaires. Elle assumera des fonctions à titre de chercheuse au Centre de recherche CHU de Québec – Université Laval et comme professeure au Département de microbiologie-infectiologie et immunologie de la Faculté de médecine de l’Université Laval.

La chaire de recherche favorisera une approche «une seule santé» qui vise à prendre en compte la santé des humains, des animaux et de l’environnement.

Mme Subbarao a expliqué que sa future équipe se concentrera sur l’influenza et les coronavirus puisque ces deux familles de virus sont susceptibles de transmettre des virus des animaux aux humains. «Certains de ces virus affectent les animaux, et normalement, ils restent chez les animaux et ne se transmettent pas aux humains. Mais ce que nous avons expérimenté avec l’influenza et le coronavirus nous montre qu’occasionnellement ils traversent cette barrière. Ils infectent des mammifères et parfois des humains», explique-t-elle.

«Nous focalisons sur ces deux familles parce qu’au cours des 100 dernières années nous avons eu plusieurs pandémies causées par les virus de l’influenza et une causée par un coronavirus, a ajouté la chercheuse. Nous pensions que la pandémie de 2019 serait causée par un virus de l’influenza et nous avons été très surpris que ce soit un coronavirus.»

Mais la prochaine pandémie pourrait survenir en raison d’un autre groupe de virus. Selon Mme Subbarao, la famille des paramyxovirus est aussi à surveiller de près.

Apprendre de la pandémie de COVID-19

Plusieurs leçons ont été tirées de la pandémie de COVID-19 et cela aidera assurément pour la prochaine fois. Nous avons notamment appris que la fermeture des frontières fonctionne pour tenter de garder le virus hors de portée le plus longtemps possible.

Les masques, bien que très controversés, ont aussi été utiles pour minimiser la propagation du virus. «Nous avons appris que le manque d’informations, la désinformation et le manque de confiance envers la santé publique pouvaient être très dommageables dans le contexte d’urgence sanitaire. C’est ce genre d’apprentissage clé dont nous devons apprendre pour faire mieux», a déclaré Mme Subbarao.

Elle a indiqué qu’il y a un grand effort présentement pour développer des médicaments et des vaccins qui viseront certaines branches de virus afin d’éviter de devoir les inventer en urgence. «Nous savons maintenant que nous pouvons essayer de trouver des médicaments antiviraux qui fonctionneront pour toute une famille de virus. Nous avons des vaccins contre la COVID-19, mais devrions-nous avoir des vaccins contre toute la famille de virus? C’est ce genre d’effort que nous pouvons faire pendant que nous attendons que quelque chose de nouveau émerge», a expliqué la chercheuse.

Elle souligne que surveiller les virus est un effort global et que plusieurs acteurs mondiaux y contribuent, dont l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation mondiale de la santé animale. «Ce que j’espère, c’est que notre laboratoire établira des liens avec des personnes qui travaillent avec les animaux au Canada pour que lorsqu’une nouvelle préoccupation émergera nous serons en mesure de déterminer à quel point cela représente une menace pour les humains», a partagé Mme Subbarao.

Personne ne veut entendre parler d’une nouvelle pandémie, dit-elle, mais il est primordial de surveiller les virus qui circulent, notamment ceux qui peuvent être transmis des animaux aux humains, et se préparer pour cela.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires