YWCA Canada lance un programme pour contrer le harcèlement sur les réseaux sociaux

Alexis Drapeau-Bordage, La Presse Canadienne
YWCA Canada lance un programme pour contrer le harcèlement sur les réseaux sociaux

MONTRÉAL — YWCA Canada a lancé une série d’outils numériques gratuits pour combattre la haine en ligne. Intitulée «Bloquons la haine», la campagne du Y des femmes survient après que l’organisme a finalisé une étude sur le harcèlement en ligne.

Financée par le Fonds pour la résilience communautaire de Sécurité publique Canada, l’étude se base sur des entrevues menées auprès de jeunes de 16 à 30 ans. Les données récoltées indiquent que chez les femmes et les personnes de diverses identités de genre, plus du quart ont été victimes de contenu haineux en ligne. Une personne à l’étude sur deux en a été témoin.

Les jeunes en situation de handicap, d’appartenance LGBTQIA+ ou Autochtones étaient 60 % plus susceptibles d’être visés. Les communautés noires et racisées l’étaient 53 % plus que la moyenne.

Parmi les jeunes ciblés par la haine, 60 % l’ont été de manière répétitive, souvent quotidienne.

Bien que ces événements soient communs, ce n’est qu’une petite partie qui est habituellement rapportée. «C’est vraiment quand on est allé à la recherche de ces données qu’on s’est rendu compte qu’il y avait un vrai problème, que les gens ont besoin de savoir ce qu’il faut faire dans ces situations», explique Aline Nizigama, directrice générale de YWCA Canada.

Bloquer la haine

Une série de vidéos a été mise en ligne sur le site internet et les réseaux sociaux de l’organisme pour expliquer aux jeunes comment réagir à ces situations, qu’ils en soient victimes ou témoins.

On y suggère évidemment de bloquer et de signaler les harceleurs, mais aussi de faire des captures d’écran pour garder une trace de l’agression. Dans les cas plus graves, celles-ci peuvent être utiles afin de former un dossier judiciaire. Pour les plus jeunes, il est recommandé d’appeler à l’aide une personne adulte.

Une autre chose importante peut être de se désengager. Mme Nizigama explique qu’il «faut savoir que c’est OK» de ne pas toujours répondre aux insultes.

La sécurité de compte est aussi une partie importante de la protection numérique. Il est conseillé de choisir des mots de passe forts et les changer si la sécurité est compromise ainsi que d’activer l’authentification multifacteurs.

La campagne mise aussi sur le fait de ne pas trop partager d’informations sur les réseaux sociaux, entre autres ce qui a trait à la localisation. Pour s’assurer de ne pas trop en révéler, il faut «examiner périodiquement les paramètres et fonctionnalités de confidentialités, ils changent constamment», explique la directrice de YWCA Canada.

«On essaie vraiment de te tenir les plateformes responsables, d’avoir plusieurs manières pour les gens de se protéger, mais par défaut ces plateformes rendent nos informations publiques ou partage des informations sans qu’on le sache», prévient-elle.

En tant que témoin, l’organisation insiste sur le fait qu’il faut être proactif. Pour ce faire, elle encourage à distraire l’individu, mais «avec caution, car l’attention peut vite se retourner vers vous».

Il est aussi suggéré de tout documenter, de dénoncer les comportements, de décaler ses réponses plutôt que d’être impulsif et de déléguer plutôt que de tout prendre sur soi.

Augmentation depuis la pandémie

«Ce que nos statistiques nous montrent, c’est que la violence a augmenté avec le confinement et le phénomène COVID», note Mme Nizigama, et ce, sur internet comme hors ligne.

En ligne cependant, elle se retrouve «des fois mêmes de manière amplifiée», explique-t-elle. Elle nomme entre autres la notion d’anonymat comme source du problème: «Je peux créer un faux compte ou me donner un autre nom et commencer à harceler une personne sans que ça me retombe vraiment dessus.»

Mme Nizigama note aussi que l’utilisation des réseaux sociaux et des sites de clavardage a augmenté dans les dernières années.

La directrice de YWCA Canada insiste sur la responsabilité des plateformes quant au harcèlement qu’on y retrouve.

Alors que certaines plateformes comme X lui semblent faire assez peu pour protéger ses usagers, Mme Nizigama salue l’ouverture de Facebook et Instagram, qui ont collaboré avec l’étude. Elle maintient tout de même que beaucoup de harcèlement se passe encore sur les plateformes de META et que la situation pourrait être meilleure.

«Il est possible de continuer de créer et d’exiger des espaces qui nous respectent en ligne, conclut-elle. Ce sont des espaces où nous vivons, nous communiquons, nous travaillons, nous consommons notre information, c’est vraiment des espaces qui sont nécessaires.»

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