C’est un fait bien connu, la santé buccodentaire a des répercussions directes sur la santé générale. Une mauvaise hygiène peut donc favoriser certains problèmes cardiaques, aggraver le diabète et la polyarthrite rhumatoïde, ou encore créer un risque d’accouchement prématuré, entre autres. Récemment, des chercheurs ont pu établir une corrélation entre la maladie d’Alzheimer et la gingivite.
Une affection parodontale
Rappelons d’abord que la gingivite est une inflammation des gencives, conséquence d’une mauvaise hygiène buccodentaire. Elle cause des symptômes tels que des gencives enflées et rouges, le saignement des gencives lors du brossage des dents et de l’utilisation de la soie dentaire, ainsi que la résorption de l’os autour des dents.
Si elle n’est pas traitée rapidement à l’aide d’un bon nettoyage dans une clinique dentaire et par l’adoption de saines habitudes, la gingivite peut se transformer en parodontite. Cette dernière n’est pas réversible et ne peut qu’être stabilisée grâce à d’importants traitements.
La gingivite est causée par l’accumulation de plaque et de tartre sur les dents et sous le bord des gencives. La plaque et le tartre sont composés de bactéries nocives qui relâchent des cytokines pro-inflammatoires. Il s’agit de substances solubles de signalisation cellulaire qui contribuent à la régulation et aux fonctions des cellules. Les cytokines peuvent avoir plusieurs actions, mais celles dont il est question ici favorisent l’inflammation.
Des conséquences dans le cerveau
Mais quel est le rapport entre la gingivite et l’Alzheimer, une maladie liée à la dégénérescence cognitive et à la démence ? Les cytokines pro-inflammatoires sont libérées dans le système circulatoire du corps, ce qui leur permet d’atteindre le cerveau dont les barrières deviennent poreuses en raison de l’inflammation.
C’est ainsi que des chercheurs ont découvert des bactéries liées à la gingivite dans le cerveau de personnes vivantes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont étudié un très petit échantillon (10 personnes saines et 10 malades), mais cela a tout de même permis de mettre en lumière une relation entre l’inflammation des gencives et la maladie d’Alzheimer, puisqu’aucune bactérie n’a été décelée chez les personnes saines.
Une autre étude s’est penchée sur des dossiers de jumeaux et a révélé que certaines personnes étaient atteintes de la maladie d’Alzheimer et présentaient des signes de gingivite. Étant donné qu’il s’agit d’une maladie fortement génétique, les jumeaux de ces personnes auraient dû être atteints d’Alzheimer aussi. Or, ceux qui avaient une bonne hygiène buccale étaient en bonne santé.
Tout cela tend à démontrer qu’une exposition prolongée à une inflammation chronique, dont la gingivite et la parodontite, risque de multiplier les risques de souffrir de la maladie d’Alzheimer. En effet, la dégénérescence cognitive survient souvent après une longue attaque inflammatoire.
Ce n’est pas la première fois que des études permettent d’établir des liens entre l’hygiène buccodentaire et l’augmentation des risques de dysfonction cognitive. Il est cependant important de se rappeler que ces études ne démontrent pas du tout que de mauvaises habitudes hygiéniques peuvent causer la maladie. Elles contribuent plutôt à aggraver la maladie plus rapidement. Il s’agit donc d’une raison de plus pour maintenir de saines habitudes et se rendre régulièrement dans une clinique dentaire.