MONTRÉAL — Jean-Simon Desgagnés avait «paqueté l’assemblée» au Complexe sportif Claude-Robillard, où il a confirmé sa participation aux Jeux olympiques de Paris au 3000 mètres steeple en remportant un deuxième titre national consécutif aux Essais canadiens d’athlétisme.
Dans des conditions froides et venteuses, Desgagnés n’a pas réussi le standard canadien donnant directement accès aux JO, mais son temps de huit minutes, 34,56 secondes (8:34,56), à quelque 20 secondes du chrono de 8:15,00 qui lui aurait garanti directement sa place aux Jeux, lui permet tout de même de faire sa valise.
«Dans ma tête, je suis 100 % sélectionné pour les Jeux, a déclaré l’athlète de 25 ans de Québec. Mathématiquement, c’est fait. Je m’y attendais déjà depuis le début de la saison, mais la case est cochée et l’entraînement a été en fait en fonction. Le ‘peak’ sera atteint à Paris à la fin août. Ça va juste aller de mieux en mieux jusqu’à la fin de l’année.
«Les conditions n’étaient pas faciles, mais j’ai bien couru. J’ai été capable de réaliser un bon dernier 600, 1000 m, comme on doit le faire dans les courses de championnat. J’avais un bon plan de match et j’ai été capable de l’exécuter.»
Le champion des derniers Jeux panaméricains occupe actuellement le 22e rang mondial de la discipline, qui comptera 36 participants dans la capitale française. Il est pratiquement impossible que 15 coureurs ne le dépassent d’ici le 30 juin.
Desgagnés, dont le meilleur chrono est 8:15,58, couru l’an dernier à Budapest, a devancé avec deux tours à faire l’Ontarien Kevin Robertson (8:37,91), meneur d’une bonne partie de la course, ainsi que l’Albertain Aaron Ahl (8:39,16). Kevin Robertson, un autre, du St-Laurent Sélect celui-là, a terminé quatrième en 8:39,31.
Huitième des Mondiaux 2023, Desgagnés, visera un top-10 aux Jeux de Paris. Jeudi, il a couru devant de nombreux parents et un groupe d’amis qui se suivent depuis le secondaire — les «Goons» —, qui sera d’ailleurs en France avec lui.
«Je suis certain qu’ils vont donner un bon spectacle à Paris, a dit le coureur du Club d’athlétisme de l’Université Laval. Ils vont vivre le meilleur de l’Europe, les cafés, les bars à vin, moi je les rejoindrai après la course, ce sera parfait.»
D’ici là, il devrait prendre part au steeple de la Diamond League de Paris, le 7 juillet, avant de prendre la direction de la Suisse pour s’entraîner en altitude. Il ira ensuite rejoindre l’équipe canadienne, qui tiendra son camp d’entraînement final dans la chaleur de Barcelone.
Fafard doit attendre
Plus tard, le Repentignois Thomas Fafard a aussi tenté d’obtenir son laissez-passer pour les JO au 5000 m, mais s’il a amélioré son sort, il devra attendre quelques jours avant de savoir s’il rejoindra ses partenaires d’entraînement Desgagnés et Charles Philibert-Thiboutot (1500 m).
Fafard, traîné pendant 1800 m par un Desgagnés en feu, a inscrit son deuxième meilleur chrono sur la distance en franchissant le fil en 13:18,82, derrière le médaillé olympique Mohammed Ahmed, vainqueur en 13:10,99, un record de la compétition.
«On va savoir le 30 juin, dans quelques jours, a-t-il dit sourire aux lèvres après la course. Je crois avoir gagné deux points au classement si les calculs sont bons. On verra. J’ai tout fait pour améliorer mon sort. J’ai tout donné, j’ai eu de l’aide d’un coéquipier. Ça a fait la différence. L’objectif, quand Mo m’a dépassé, était de rester avec lui le plus longtemps possible. Je pense qu’il a montré à quel point il est dominant ce soir.
«Les championnats nationaux partout dans le monde se terminent ce week-end. On se croise les doigts et on regarde les résultats en priant.»
Une fois que Desgagnés a quitté la piste, Fafard a mené la course jusqu’à ce qu’il reste environ 1500 m à courir. Ahmed a alors pris le contrôle de la compétition, larguant le Québécois, qui n’avait pas les jambes pour rester avec le médaillé d’argent sur cette distance aux derniers JO.
«Je me disais: ‘Allez, vas-y! Accroche-toi!’. Je me criais après. Je ne dirai pas ce que je me disais devant les caméras! C’est ma course la plus dure de la saison à date. Mais je ne peux pas être déçu de ma performance. Deuxième aux Canadiens, derrière le médaillé d’argent de Tokyo, devant Ben Flanagan [troisième, en 13;29,42], ce n’est pas banal.»
Flanagan, qui a couru 13:04 plus tôt cette saison, sera des prochains JO.
Le coureur de 25 ans était arrivé à court de sept centièmes seulement en mai dernier, en Belgique, alors qu’il a couru en 13:05,07. Sa performance de jeudi lui permet de gagner quelques points de classement, mais il occupe toujours le 41e rang mondial, bien près de la coupure, établie à la 42e performance mondiale.
«Courir en 13:18, avant de débuter la saison estivale, ce n’était même pas mon meilleur temps. C’est une réussite en soit de faire ça en restant en avant plusieurs tours», a noté Fafard, qui n’en voulait pas à Ahmed de ne pas avoir partagé la position de tête.
«On ne peut en vouloir à personne: il est venu ici en voulant gagner en faisant le moins d’effort possible. Je pense qu’il a réussi.
«Il est passé, il a été gentil, il m’attendu. Mais il a ensuite enclenché une autre vitesse. C’était assez évident qu’il était pour me larguer à un moment ou un autre. (…) J’ai vraiment essayé de rester accroché, mais je crois que les tours devant m’ont taxé plus que je ne pensais. Quand il m’a dépassé, il avait les jambes encore fraîches. C’était évident qu’il avait encore une vitesse de plus.»