TORONTO — La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, a souligné que les travailleurs de l’automobile s’attendaient à des gains significatifs en termes de salaires et d’avantages sociaux lorsque le syndicat a entamé les négociations contractuelles avec les trois usines de Détroit ce jeudi.
«J’ai clairement indiqué aux entreprises aujourd’hui que les attentes de nos membres sont très élevées. En fait, les attentes de tous les travailleurs du Canada sont très élevées», a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Toronto.
«Et ce, pour de bonnes raisons. Les bénéfices sont en hausse, tout comme le coût de la vie.»
Unifor se concentrera probablement sur Ford Motor plutôt que sur General Motors ou Stellantis en tant que principal constructeur automobile au cours de ce cycle de négociations contractuelles de trois ans, a avancé Mme Payne, car l’entreprise est la plus avancée et la plus ouverte sur ses plans de transition vers les véhicules électriques et sur d’autres négociations. Aucune décision définitive n’a encore été prise, a-t-elle ajouté.
Le syndicat choisit généralement un constructeur automobile sur lequel il concentre ses négociations, les conditions convenues étant généralement transférées aux deux autres.
La poignée de main officielle de jeudi, qui a marqué le début des négociations entre le syndicat et les trois constructeurs automobiles, intervient alors que l’augmentation du coût de la vie et la transition vers les véhicules électriques sont au cœur des préoccupations. La double pression à laquelle sont confrontés plus de 18 000 travailleurs de l’automobile couverts par les accords rend ce cycle de négociations particulièrement important, a déclaré Mme Payne.
Selon elle, le syndicat a fait d’importantes concessions en matière de retraite, notamment un passage à des cotisations définies, lorsque les constructeurs automobiles étaient au bord de la faillite après la crise financière mondiale, et il se battra pour rétablir une partie de ce qui a été perdu.
Les ouvriers de l’automobile ressentent encore les répercussions de la pandémie, avec des pénuries de pièces détachées et des goulets d’étranglement dans l’approvisionnement qui entraînent des temps d’arrêt et rendent la vie plus précaire, a ajouté Mme Payne.
«Cela se produit dans le contexte d’une performance financière étonnante et stupéfiante des “Detroit Three”, avec des bénéfices importants enregistrés au cours de chaque trimestre.»
Les constructeurs automobiles ont insisté sur la nécessité d’équilibrer les attentes en matière de rémunération et les investissements à grande échelle nécessaires à la transition de l’industrie vers un avenir électrique.
Steven Majer, vice-président des ressources humaines de Ford Canada, a déclaré dans un communiqué que l’entreprise et le syndicat devront trouver un juste équilibre entre l’investissement pour l’avenir et le partage des bénéfices.
«Nous apprécions notre partenariat avec Unifor et avons un travail important à accomplir ensemble alors que nous créons un plan directeur pour l’industrie automobile canadienne.»
Stellantis a déclaré qu’au cours des négociations, elle s’attacherait à garantir la compétitivité future de l’entreprise, ainsi que de bons avantages sociaux et des augmentations de salaire. L’entreprise, qui possède des marques telles que Jeep et Chrysler, a souligné que le syndicat et elle-même devaient trouver des solutions créatives pour répondre aux besoins des travailleurs tout en maintenant des lieux de travail efficaces et productifs.
General Motors a indiqué qu’il se réjouissait de travailler avec Unifor pour construire un avenir compétitif qui reconnaisse également les contributions de ses employés au succès commun.
Le dernier cycle de négociations contractuelles en 2020 a débouché sur des engagements d’investissement de plusieurs milliards de dollars de la part des trois constructeurs automobiles, tandis qu’Unifor affirme que l’élan accru de la transition vers les véhicules électriques a porté le total des dépenses promises dans l’ensemble du secteur automobile canadien à environ 25 milliards $ au cours des trois dernières années.
Les pourparlers devraient se prolonger jusqu’en septembre, les contrats existants devant expirer le 18 septembre.
Les négociations se déroulent au même moment que les United Auto Workers aux États-Unis, qui négocient également des contrats avec les constructeurs automobiles. Mme Payne a déclaré que les deux syndicats maintiendraient un dialogue ouvert, mais qu’Unifor tracerait sa propre voie tout au long des négociations.