Football canadien: Dussault au Temple après avoir défendu la place des Francophones

Frédéric Daigle, La Presse Canadienne
Football canadien: Dussault au Temple après avoir défendu la place des Francophones

MONTRÉAL — Tout ce que Jacques Dussault a toujours voulu, c’est de prouver que les Francophones avaient leur place au football. Ce désir l’a mené au Temple de la renommée du football canadien.

L’ex-entraîneur et commentateur mènera une délégation de sept nouveaux membres, comprenant les trois ex-Alouettes John Bowman, Josh Bourke et Larry Smith, lors de la cérémonie d’intronisation du 15 septembre prochain, à Hamilton.

«Je n’ai jamais pensé à ça, ce n’est habituellement pas le genre de choses qui me branchent, a raconté Dussault au cours d’une visioconférence la semaine dernière. Wally (Buono, qui lui a annoncé la nouvelle) a dû me trouver plate: je lui ai demandé ce que j’allais faire là!

«Je ne le réalise pas tout à fait encore. Je suis plus à l’aise sur un terrain. Je trouvais ça un peu drôle de recevoir cet honneur quand tu fais un métier que t’adores. Personne ne m’a jamais poussé pour aller travailler! (…) Quand j’y repense, je me dis tant mieux! Encore une fois, ce que certains Québécois font — et je ne me calcule pas là-dedans — est enfin reconnu.»

Le secondeur Solomon Elimimian, le joueur de ligne offensive Lloyd Fairbanks et le demi défensif Larry Crawford s’ajouteront à ce groupe. 

«Coach» Dussault a entamé sa carrière dans le monde du football en tant que joueur, d’abord à l’Université d’Ottawa puis à l’Université McGill. 

«J’ai regardé un match universitaire entre l’Université McGill et l’Université de Toronto un samedi après-midi quand j’avais 5 ou 6 ans. J’ai dit: ‘Je vais jouer là-dedans’. C’est de là qu’est venue cette passion.»

Il a poursuivi son périple en devenant entraîneur à l’école secondaire en 1975, puis il a progressivement gravi les échelons, passant par les rangs universitaires américains, avant d’atteindre les rangs professionnels en devenant entraîneur en défense avec les Concordes de Montréal, en 1982. Ce faisant, il devenait le premier entraîneur francophone de l’histoire de la LCF.

«Je n’aime pas parler de fierté, mais ce que je pourrais dire, c’est qu’il n’y a pas une journée où je n’avais pas envie d’aller travailler, a souligné Dussault. Je ne sais pas si on peut être fier de ça. C’est clair que ça m’a fait un petit velours d’être le premier francophone à aller dans différents niveaux, dont la LCF. Disons que mon anglais n’était pas ce qui était de plus fantastique! Le football n’était pas un sport pour les Francophones à cette époque, pour différentes raisons. Les barrières ont été brisées; on voit ce que ça donne de nos jours.»

Dussault n’avait pas la prétention d’être un pionnier — «Je n’avais pas cette impression» — mais il avait à coeur de laisser une belle carte de visite pour les Francophones qui pourraient suivre.

«Quand je suis allé diriger à Albany State et toutes ces places-là, ils n’avaient jamais vu de Francophones. Il n’y avait pas de pression, mais je voulais que si un autre qui avait un nom bizarre — car je ne me suis pas fait appeler correctement Jacques Dussault souvent au cours de ces années-là — je voulais que les portes soient ouvertes. Je ne voulais pas qu’ils disent: ‘On en a eu un; on n’en veut pas deux’. Ça, pour moi, c’était très, très important. Si d’autres voulaient vivre ce genre d’expérience, je ne voulais pas qu’ils aient une prise contre eux parce que je n’aurais pas impressionné qui que ce soit.»

Après un séjour de cinq saisons au sein du circuit, il est retourné aux rangs universitaires avec des passages à l’Université Acadia et à l’Université Mount Allison. Il a aussi été entraîneur-chef dans la World League of Football, avec la Machine de Montréal. Après un dernier tour de piste avec les Alouettes en 1997, il s’est joint aux Carabins de l’Université de Montréal.

La carrière de Dussault, qui a ensuite collaboré à divers médias, s’étend sur cinq décennies et demie, au Québec, en Amérique du Nord et partout dans le monde.

Smith le bâtisseur

Smith a été sélectionné au premier rang au total du repêchage de la LCF en 1972 par les Alouettes et a connu une carrière de neuf campagnes dans la LCF. Il est revenu à la ligue en 1992, quand il a été nommé huitième commissaire du circuit canadien. C’est d’ailleurs comme bâtisseur qu’il est intronisé au Temple.

Son règne a été marqué par une importante période de transition, d’abord lors de son expansion aux États-Unis, puis lorsque les Alouettes ont effectué un retour dans sa ville natale, en 1996. L’année suivante, il a rejoint le club de football montréalais à titre de président, un rôle qu’il a occupé jusqu’en 2001, puis de 2004 à 2010. Il a remporté quatre coupes Grey: deux fois en tant que joueur (1974 et 1977) et deux fois en tant que dirigeant (2009 et 2010).

«De remonter l’organisation à Montréal est vraiment ce qui m’a apporté le plus de satisfaction, a déclaré Smith en visioconférence plus tôt cette semaine. (…) L’humilité d’arriver dans une situation où nous vendions 1800 billets dans un stade de 55 000 places et tous les autres problèmes que nous avons connus au début. Mais nous avons eu Jim Popp et de très bonnes équipes. Nous avons fait des salles combles pendant des années et nous avons bâti une relation directe avec les amateurs.»

Bowman et Bourke: l’âge d’or des Alouettes

Bowman a été l’un des ailiers défensifs les plus redoutables de l’histoire de la LCF. En 230 matchs étalés sur 14 saisons avec les Alouettes, Bowman a réussi 134 sacs, un total bon pour le septième rang de l’histoire de la LCF. Il a terminé sa carrière avec 481 plaqués, 32 échappés provoqués et 15 échappés recouvrés en carrière, en plus de deux conquêtes de la coupe Grey, en 2009 et 2010.

«J’ai commencé à jouer au football pour être avec mes amis, pour pouvoir inviter une fille au bal de fin d’année, a laissé tomber Bowman. Je n’étais pas le plus rapide, je n’étais pas le plus talentueux, mais je travaillais plus fort que les autres. C’est ce qui me rendait impitoyable sur le terrain. Je me foutais de qui était meilleur que moi sur le terrain: j’allais travailler plus fort qu’eux pendant 60 minutes.»

Après avoir été choisi au troisième tour du repêchage 2004 de la LCF, Bourke, a été une pierre angulaire de la ligne offensive des Alouettes pendant neuf saisons avant de disputer une 10e campagne avec les Argonauts de Toronto.

Bourke a fait partie de l’équipe d’étoiles de l’Est lors de sept saisons consécutives (2008-2014); il a aussi été nommé au sein de l’équipe d’étoiles de la LCF en deux occasions, en plus de soulever la coupe Grey en 2009 et 2010. Il a reçu le titre de joueur de ligne offensive par excellence de la Ligue en 2011.

«Je suis surpris que ça arrive aussi rapidement, a admis Bourke. Je me suis un peu détaché du football depuis que j’ai arrêté de jouer, mais je me suis surpris à repenser à ma carrière après avoir reçu l’appel (de mon intronisation). J’ai repensé à toutes ces grandes équipes et les grands entraîneurs pour lesquels j’ai joué et à la magnifique ville de Montréal. Ça m’a frappé. Je suis sur le point de rejoindre une fraternité d’athlètes qui ont joué du football à un très niveau. Je me compte chanceux.»

Trois membres des médias feront également leur entrée au Temple: Vicki Hall, journaliste sportive pour l’Edmonton Journal et le Calgary Herald; le producteur de longue date de l’émission ‘CFL on TSN’ Jon Hynes; et le regretté Chris Schultz, un analyste bien connu de la radio et à la télévision.

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