Le Canada a retrouvé son aplomb paralympique après des difficultés à Tokyo

Donna Spencer, La Presse Canadienne
Le Canada a retrouvé son aplomb paralympique après des difficultés à Tokyo

PARIS — Le Canada a semblé se ressaisir aux Jeux paralympiques, mais c’était plutôt un retour à la forme habituelle.

Les 10 médailles d’or du Canada à Paris se sont avérées le plus grand nombre depuis les 19 médailles d’or à Pékin, en 2008. Le pays a également doublé son total de médailles aux Jeux de Tokyo, il y a trois ans.

Les 29 médailles au total ont égalé celles aux Jeux de Rio, en 2016, et elles ont largement dépassé les 21 médailles à Tokyo.

La pandémie de COVID-19 a touché le parasport plus que le sport en général, alors que les compétitions internationales et nationales ont été décimées.

Les restrictions strictes imposées par le Canada autour de la pandémie ont ajouté un niveau de défi supplémentaire pour les espoirs de médaille à Tokyo, en plus des adaptations qu’ils ont dû apporter pour poursuivre leur sport.

Les athlètes canadiens ont montré ce qu’ils pouvaient faire à Paris, avec une préparation plus optimale.

«Je dirais que c’est un peu un pas en avant, a déclaré la directrice générale du Comité paralympique canadien (CPC), Karen O’Neill, dimanche. Nous voulions mettre un terme à la baisse de nos performances, en particulier dans les sports d’été, qui s’est manifestée au cours des deux derniers quadrimestres.

«La COVID-19 a été difficile pour nos athlètes olympiques et paralympiques, mais elle a été nettement plus difficile pour nos paralympiens, car de nombreux soutiens et services supplémentaires n’étaient pas disponibles.»

Le Canada s’est classé 15e, à égalité avec l’Inde, pour le total de médailles et 11e, avec l’Allemagne et l’Ouzbékistan, pour le nombre de médailles d’or parmi 168 pays. Les représentants de l’Unifolié sont montés sur le podium dans sept sports.

La natation et l’athlétisme ont ouvert la voie avec un total de 22 médailles, dont 10 d’or.

«Ils avaient un très bon mélange d’athlètes débutants et plus expérimentés capables de performer sur la plus haute scène, a noté Catherine Gosselin-Després, directrice générale des sports du CPC. C’est vraiment rafraîchissant de voir ça dans ces deux grands sports, qui sont si importants aux Jeux paralympiques.»

Nicholas Bennett, de Parksville, en Colombie-Britannique, a connu des Jeux paralympiques exceptionnels avec deux médailles d’or et une d’argent en natation.

Les Jeux paralympiques de Tokyo ont été reportés de 2020 à 2021 et se sont déroulés sans spectateurs en raison de la pandémie.

Bennett n’a pas été déstabilisé par l’ambiance bruyante à l’Aréna La Défense, lors de ses deuxièmes Jeux paralympiques.

«Le simple fait de faire partie de l’équipe fut une tâche monumentale. Puis, de nager contre certains des meilleurs athlètes du monde et de me classer parmi eux pour être le meilleur, c’était complètement fou, a mentionné le jeune homme de 20 ans. L’expérience dans la piscine, c’était si bruyant que je pouvais à peine entendre mes propres pensées. En comparaison avec Tokyo, on aurait pu entendre une mouche voler. Je vais rêver de ces souvenirs chaque nuit pour le reste de ma vie.»

Lui et la paracanoéiste Brianna Hennessy, d’Ottawa, ont été choisis pour porter le drapeau du Canada lors des cérémonies de clôture de dimanche, à la Place de la Concorde.

Hennessy a offert au Canada sa première médaille paralympique en canoë, avec une médaille d’argent.

«Nous assistons vraiment à une évolution du parasport à travers le monde, a soutenu l’athlète de 39 ans. Je dis toujours que lorsque nous venons ici, nous représentons notre pays, mais nous représentons quelque chose de bien plus grand que ça. C’est le mouvement des personnes handicapées. Elles ne devraient pas avoir à faire quelque chose d’extraordinaire pour être vues ou respectées dans leurs communautés.»

La médaille de bronze de l’équipe féminine de volleyball assis fut la première médaille paralympique du Canada dans un sport d’équipe depuis Londres, en 2012.

Le dénominateur commun parmi les médaillés canadiens est qu’ils ont commencé dans un sport paralympique avant de passer à un autre dans lequel ils excellaient.

Cody Fournie, de Victoria, a remporté deux sprints en course en fauteuil roulant après une décennie en rugby en fauteuil roulant. Le médaillé d’argent en cyclisme Nathan Clement, de West Vancouver, en Colombie-Britannique, a nagé aux Jeux paralympiques de 2016 avant de passer au vélo.

Le système parasportif du Canada doit continuer à être flexible pour que ces changements se produisent, a observé Gosselin-Després.

«Comme la plupart des meilleures nations du monde, nous comptons un peu sur le transfert d’athlètes, a-t-elle expliqué. De nombreux athlètes commencent dans un sport et pratiquent soit un sport mixte, soit un sport dans lequel ils auront plus de succès. Il faut que nos entraîneurs et nos responsables techniques puissent avoir ces conversations avec les athlètes.»

Paris marque la première fois que les paralympiens canadiens recevront une prime pour les médailles, au même titre que leurs homologues olympiques: 20 000 $ pour l’or, 15 000 $ pour l’argent et 10 000 $ pour le bronze.

Le CPC versera des fonds de dotation de huit millions $ aux athlètes. L’entrepreneur en technologie de la santé Sanjay Malaviya a contribué à hauteur de quatre millions de dollars et le gouvernement fédéral à la hauteur de deux millions de dollars.

Malaviya a également renouvelé les subventions de 5000 $ par médaillé pour compléter les primes de médailles.

Les Jeux paralympiques de Paris ont vendu plus de 2,3 millions de billets, ce qui les a classés au deuxième rang de l’histoire derrière les 2,7 millions de billets vendus à Londres, selon The Associated Press. Les partisans français ont soutenu avec générosité les athlètes internationaux et ont été très bruyants pour leurs propres athlètes.

«J’espère vraiment qu’en voyant la puissance de ce qui s’est passé ici aux Jeux paralympiques et l’équipe qui rentre à la maison, les Canadiens remarqueront non seulement une équipe d’athlètes exceptionnellement talentueuse, mais aussi le pouvoir du sport pour montrer la diversité de notre pays et tout ce que nous avons en commun, a affirmé O’Neill. Il ne devrait plus être acceptable que les communautés et le pays dans lesquels nous vivons ne soient pas accessibles.»

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