TORONTO — Pour la première fois depuis 1986 et seulement la deuxième fois de son histoire, l’équipe de soccer masculin du Canada participera à la Coupe du monde de la FIFA.
Par une météo typiquement canadienne, dans la plus grande métropole du pays, devant 29 122 spectateurs emmitouflés et survoltés au BMO Field, l’équipe nationale du Canada a obtenu son billet pour l’événement uni-sport le plus prestigieux au monde à la suite d’une victoire de 4-0 contre la Jamaïque, dimanche après-midi à Toronto.
«Je crois que (les gens) de ce pays, ils n’ont jamais cru en nous. Parce que nous ne leur avons rien donné en quoi croire», a déclaré l’entraîneur-chef John Herdman, l’architecte des succès de l’équipe masculine canadienne.
«Maintenant, ils croient.»
«Et je pense que si nous nous soutenons tous — c’est le moment pour tout le monde de se mettre derrière le football et de s’unir. Parce que nous pouvons être une puissance. Et il est temps.»
Ce grand rendez-vous universel doit avoir lieu au Qatar, du 21 novembre au 18 décembre 2022 et réunira 32 pays. Dont, doit-on le répéter, le Canada.
Et le reste du monde a intérêt à se surveiller.
«Nous sommes la meilleure équipe dans la Concacaf», a affirmé le milieu de terrain Jonathan Osorio.
Cyle Larin, à la 13e minute, et Tajon Buchanan, à la 44e minute, ont déjoué le gardien Andre Blake en première demie, pour lancer le pays vers cette victoire qui n’a jamais vraiment fait de doute.
Les Canadiens n’avaient probablement pas besoin d’ajouter à leur production offensive, mais ils l’ont fait dans les 10 dernières minutes de la deuxième demie, grâce à Junior Hoilett, à la 82e minute, et à un but contre son camp d’Adrian Mariappa à la 88e minute.
Herdman, ses joueurs et les partisans dans les gradins n’ont pas eu à attendre longtemps pour célébrer l’exploit de façon officielle, car aucune minute additionnelle n’a été ajoutée après la 90e.
Après le match, les spectateurs ont entonné l’hymne national du Canada, et Osorio a mené la foule dans un chant de ralliement au rythme d’un tambour, avant que les joueurs ne se mettent à danser sur le terrain.
Buchanan a ensuite fait le tour de la surface de jeu en agitant le drapeau canadien.
«Sans mots. Un rêve qui se réalise», a déclaré Osorio. «Quand nous étions de petits enfants, nous avons tous rêvé à ça, et en tant que Canadien, c’était impossible. Aujourd’hui, l’impossible s’est produit. C’est une sensation incroyable.»
Par ailleurs, Herdman est devenu le premier entraîneur à mener une équipe masculine et une équipe féminine à la Coupe du monde. Herdman a dirigé l’équipe féminine du Canada de 2011 à 2018.
«Nous sommes un pays de football. Nous avons un jeune (Alphonso Davies) qui gagne des finales de la Ligue des Champions. Nous avons des joueurs partout en Europe. Nous avons des jeunes qui poussent. Et nous venous tout juste de nous qualifier pour une Coupe du monde. C’est un pays de football légitime», a déclaré Herdman.
«Une équipe féminine qui a gagné une médaille d’or olympique. Que pouvons-nous demander de plus? C’est le temps.»
Avec encore un match à jouer dans la dernière ronde du tournoi de qualification de la Concacaf, le Canada (8-1-4) conserve le premier rang du classement général avec 28 points.
Les États-Unis et le Mexique se partagent le deuxième rang, avec l’avantage à la formation américaine en raison d’un écart plus favorable entre les buts pour et les buts contre.
Les États-Unis (7-2-4, 25 points) l’ont emporté 5-1 contre le Panama, qui a du coup été éliminé. Dans l’autre partie présentée dimanche soir, le Mexique (7-2-4, 25 points) a vaincu le Honduras 1-0.
La formation américaine n’a pas réussi à obtenir sa qualification à la suite de la victoire de 2-1 du Costa Rica contre le Salvador, dimanche.
Le Costa Rica (6-3-4, 22 points) se maintient donc au quatrième rang et accueillera les États-Unis mercredi soir.
Au même moment, le Canada rendra visite au Panama pour compléter cette dernière phase du tournoi. Probablement le coeur léger…
Départ énergique
Lorsque le match a commencé peu après 16h, le mercure indiquait moins-4 Celsius dans la Ville Reine, avec un facteur éolien de moins-14 Celsius. Comme il fallait sans doute s’y attendre, les joueurs canadiens ont paru les plus à l’aise dans ces conditions adverses.
Ils ont pris le contrôle du jeu dès le départ et multiplié les bonnes chances de marquer. Avant que ne soit complété le premier quart d’heure de jeu, le Canada menait 1-0. Il détenait une avance de 2-0 à la demie, mais le score aurait facilement pu être de 4-0 en faveur de la formation canadienne lorsque le soleil a percé les nuages pour la première fois de l’après-midi, à mi-chemin de la première demie.
La Jamaïque (1-7-5, 8 points), qui était déjà éliminée, a passé l’après-midi à jouer à reculons. Le match était à toutes fins pratiques terminé après la première demie.
Cette historique victoire survient environ 37 ans après que le Canada eut mérité sa qualification pour la Coupe du monde de 1986, au Mexique, grâce à un gain de 1-0 contre le Honduras, le 14 septembre 1985 à Saint-Jean, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador.
Jusqu’à 2022, ça restait la seule participation de l’équipe masculine du Canada à la Coupe du monde.
De tous les joueurs de l’édition actuelle du Canada, un seul était vivant lors de ce bref passage canadien à la Coupe du monde de 1986. Le capitaine Atiba Hutchinson avait trois ans lorsque le Canada a perdu par un score combiné de 5-0 après des revers contre la France, la Hongrie et l’Union soviétique.
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Avec la contribution de Neil Davidson, de The Canadian Press, et de l’Associated Press