Le leader politique néerlandais d’extrême droite Geert Wilders a accusé mercredi les «Marocains» d’avoir attaqué des partisans israéliens de football à Amsterdam la semaine dernière.
Il a affirmé lors d’un débat parlementaire qu’ils «veulent détruire les Juifs» et il a recommandé l’expulsion des personnes reconnues coupables.
Alors que les élus néerlandais ont condamné l’antisémitisme et convenu que les auteurs de violences devraient être traqués, poursuivis et sévèrement punis, les législateurs de l’opposition ont accusé M. Wilders de «jeter de l’huile sur le feu» et ont déclaré que ses déclarations n’étaient pas propices à «une société meilleure».
Des violences ont éclaté dans la capitale néerlandaise avant et après le match de football de la semaine dernière entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel Aviv. Des partisans des deux camps ont été impliqués dans des troubles; un certain nombre de partisans du Maccabi ont attaqué un taxi et scandé des slogans anti-arabes tandis que certains hommes s’en sont pris à des personnes qu’ils pensaient être juives, selon la mairesse d’Amsterdam, Femke Halsema.
Après le match, des groupes de partisans du Maccabi armés de bâtons ont couru partout pour «détruire des choses», selon un rapport de 12 pages sur les violences publié par les autorités d’Amsterdam. Il y avait aussi des «émeutiers, se déplaçant en petits groupes, à pied, en scooter ou en voiture, attaquant rapidement les partisans du Maccabi avant de disparaître», selon le rapport.
La police d’Amsterdam a déclaré que cinq personnes avaient été soignées à l’hôpital pour des blessures causées par ces violences. La police avait arrêté des dizaines de personnes avant le match, mais aucune arrestation immédiate pour violence n’a eu lieu après.
Les signalements de discours antisémites, de vandalisme et de violence contre les Juifs sont en hausse en Europe depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, et les tensions étaient élevées à Amsterdam avant le match de football de jeudi dernier. Les agressions contre les supporters du Maccabi ont suscité l’indignation et ont été largement condamnées comme antisémites.
Havre de tolérance
La violence a gravement terni l’image de longue date d’Amsterdam comme un havre de tolérance et a suscité un examen de conscience dans tout le pays.
Geert Wilders, dont le Parti pour la liberté, un parti anti-immigration, a remporté les élections l’année dernière et fait désormais partie d’un gouvernement de coalition à quatre, a déclaré mercredi que la nuit où Amsterdam commémorait la «Nuit de cristal», le pogrom anti-juif de 1938 dans l’Allemagne nazie, «nous avons vu des musulmans chasser les Juifs dans les rues d’Amsterdam», et il a accusé «les Marocains qui veulent détruire les Juifs».
Il a ajouté que c’était «un miracle qu’il n’y ait pas eu de morts lors de cette rafle, de ce djihad dans les rues de la belle et ancienne Mokum qui, la semaine dernière, ressemblait davantage au territoire de l’État islamique».
Mokum est un surnom donné à Amsterdam, dérivé d’un mot yiddish, qui signifie «refuge sûr».
M. Wilders, que l’on décrit parfois comme le Donald Trump néerlandais en raison de sa rhétorique féroce contre l’immigration, vit sous protection 24 heures sur 24 depuis 20 ans en raison des menaces de mort des extrémistes islamiques. Il est également depuis longtemps un fervent partisan d’Israël. Au Parlement, il a préconisé l’annulation des passeports néerlandais des personnes reconnues coupables d’implication dans les violences – si elles ont un double passeport – et leur expulsion.
Certains législateurs ont averti que ses commentaires après les violences n’ont fait qu’aggraver les divisions dans la société néerlandaise.
Rob Jetten, du parti centriste D66, a déclaré que la rhétorique de M. Wilders «ne contribue en rien à la guérison».
«Il ne contribue en rien à rassembler notre pays, mais il jette de l’huile sur le feu et ne rapproche pas les solutions contre l’antisémitisme et pour une société meilleure, mais seulement les éloigne», a-t-il soutenu.
Frans Timmermans, qui dirige le plus grand bloc de centre-gauche au Parlement néerlandais, a acquiescé. «Ce que vous faites, c’est juste attiser les tensions, diviser ce pays alors que ce pays a besoin de politiciens qui rassemblent les gens, qui rapprochent les solutions», a déclaré M. Timmermans.
À Amsterdam, un membre juif éminent du conseil municipal, Itay Garmy, a déclaré que même s’il y a beaucoup de colère et de peur au sein de la communauté juive, les remarques incendiaires ne servent à rien.
«N’utilisez pas ma sécurité, ni mes souffrances, ni mes peurs en tant que Juif pour créer des avantages politiques et faire valoir vos arguments en matière d’intégration, de migration ou de haine envers les musulmans», a déclaré M. Garmy.