Leduc et De Grasse sont couronnés aux Essais canadiens d’athlétisme

Frédéric Daigle, La Presse Canadienne
Leduc et De Grasse sont couronnés aux Essais canadiens d’athlétisme

MONTRÉAL — Audrey Leduc et Andre De Grasse ont remporté la finale du 100 m des Essais canadiens d’athlétisme, vendredi. Si Leduc l’a fait sans équivoque, il a fallu avoir recours à une révision pour que De Grasse confirme sa victoire.

Leduc a été impériale, l’emportant en 11 secondes, 20 centièmes (11,20), 16 centièmes de mieux de l’Ottavienne Jacqueline Madogo (11,36) et la Québécoise Marie-Éloïse Leclair (11,44).

La sprinteuse de Gatineau a ainsi officialisé sa sélection en vue des Jeux olympiques de Paris. Madogo et Leclair l’accompagneront, pour le relais 4 x 100 m. Madogo a encore des chances de se qualifier pour le 100 m, mais elle doit attendre les résultats des autres Championnats nationaux disputés ce week-end ailleurs sur la planète.

«C’est vraiment exceptionnel de vivre ça, surtout au Québec, devant cette foule, devant ma famille. Je ne pouvais pas demander mieux», a déclaré Leduc.

«Cette semaine, je regardais les vidéos [du Comité olympique canadien] sur comment finaliser nos préparations pour Paris et je commençais à ressentir l’excitation, alors je me suis dit que j’allais attendre un petit peu, que ce soit vraiment fait. Maintenant je le sais et je suis vraiment contente.»

Leduc, qui détient les marques canadiennes sur 100 et 200 m, avait franchi la distance en 11,09 en demi-finales.

«C’est quand même plus froid [que lors des demi-finales], a dit Leduc pour expliquer les chronos plus lents en soirée. On est restées plus longtemps sur la ligne à se faire présenter, ça a sûrement eu un impact sur la performance.

«Je n’avais pas d’attente, je m’en allais faire ma course et gagner.»

Du côté masculin, il y a eu imbroglio sur la piste du Complexe sportif Claude-Robillard. Tandis que De Grasse semblait avoir franchi le fil d’arrivée le premier — il a d’ailleurs levé les bras en signe de victoire —, le tableau indicateur affichait l’Ottavien d’origine béninoise Elizer Adjibi vainqueur en 10,20, contre 10,23 pour De Grasse.

Après la révision vidéo, il appert que les couloirs ont été mélangés, puisque c’est De Grasse qui a signé le temps de 10,20 et Adjibi de 10,23. Aaron Brown a terminé troisième, en 10,25.

«J’étais confus, j’étais certain d’avoir gagné: je ne voyais personne dans ma vision périphérique et je ne croyais pas avoir été dépassé par quelqu’un dans les couloirs extérieurs. C’était une bonne blague!», a laissé tomber De Grasse.

Adjibi, arrivé au Canada en 2012, a paru très déçu de la tournure des événements, lui qui avait déjà commencé à célébrer sur la piste avec l’Unifolié, qu’il a tout de même gracieusement remis à De Grasse.

«Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé, sauf que nous avions possiblement franchi le fil tous en même temps, a pour sa part indiqué Adjibi. Le fait que ce soit resté comme ça un petit moment, je me suis dit que j’avais probablement gagné. On ne peut rien y faire. C’est quand même une bonne course.»

Adjibi pourrait toutefois avoir gagné sa place au sein du relais 4 x 100 m.

«On a une très belle profondeur. Il y a des gars qui m’ont surpris ici, dont je ne connaissais pas le nom avant, a noté De Grasse. Eli nous aidera au relais pour tenter de ramener l’or.»

De Grasse, six fois médaillé aux JO et champion olympique en titre sur 200 m, avait déclaré plus tôt cette semaine vouloir inscrire un temps inférieur à 10 secondes à ces Essais nationaux, lui qui estime être dans sa meilleure condition physique depuis les Jeux de Tokyo. Ça n’a pas été possible.

Il a couru 10,00 secondes la semaine dernière en Finlande, le 25e temps le plus rapide sur cette distance en 2024.

Morales-Williams domine

L’homme le plus rapide au monde sur 400 mètres n’a pas eu de mal à se qualifier pour la finale de la distance aux Essais canadiens d’athlétisme, vendredi.

L’Ontarien Christopher Morales-Williams a stoppé le chronomètre à 45 secondes, 77 centièmes (45,77) pour remporter sa vague, signant au passage le temps le plus rapide de la journée.

«Ce n’était pas mauvais. Je voulais juste voir où j’en étais, car je n’avais pas couru depuis les finales de la NCAA, a expliqué Morales-Williams. Je suis en phase de récupération de cette compétition encore. Je me sens plutôt bien, mais je n’ai pas encore tout repris. Espérons que [samedi] sera un meilleur jour. (…) Ça a bien été, une course bien huilée qui me permet d’aller en finale.»

Le sprinter de Vaughan a devancé l’Australien Steven Solomon (46,11), ainsi que le médaillé d’or olympique en titre au décathlon, Damien Warner (47,46). Warner passera à la finale.

«Le plan était de rester bien loin de Christopher. Sur ce point, c’est réussi», a blagué Warner, qui dispute davantage cette épreuve comme une séance d’entraînement que pour l’emporter.

Solomon est évidemment exclu d’office à titre de coureur international. Comme son chrono aurait été suffisant, la finale sera courue à sept.

Morales-Williams détient la marque canadienne de 44,05 depuis le mois de mai dernier. Il s’agit du 400 m le plus rapide couru cette saison. Celui qui étudie à l’Université de la Georgie a remporté toutes ses courses sur la distance cette saison.

«Il y a toujours de la pression, pas seulement parce que je suis le no 1 au monde, mais aussi parce que je suis un compétiteur, a indiqué Morales-Williams. Je m’impose beaucoup de pression, car tout le monde peut gagner une course un jour donné.»

Champion national en titre, il a remporté le championnat universitaire américain et occupe actuellement le premier rang mondial, après avoir mis la main en 2023 sur la médaille d’argent des Championnats panaméricains juniors.

«Je veux défendre mon titre, a admis l’Ontarien. J’espère que ce ne sera pas trop fou, mais si je dois courir une grosse course, je le ferai. J’aimerais mieux pas, car les gars qui seront en finale à Paris n’auront pas couru une grosse saison universitaire comme moi. Alors je vise le titre plus qu’un temps [samedi].»

Arop seul devant

Au 800 m, le champion du monde en titre Marco Arop a démontré qu’il était intouchable au pays sur cette distance, signant un record de la compétition et réussissant aussi un standard olympique en 1:43,53.

Il a terminé loin devant son plus proche poursuivant, Matti Erickson, qui a conclu l’épreuve en 1:47,68.

Deux Québécois ont obtenu leur qualification pour la finale qui sera disputée samedi, soit Zakari Mama-Yari (1:48,19) et Yassine Aber (1:49,17).

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