Les équipes de la LNH sont confrontées au défi périlleux d’évaluer des espoirs russes

John Wawrow, The Associated Press
Les équipes de la LNH sont confrontées au défi périlleux d’évaluer des espoirs russes

Puisque les directeurs généraux de la LNH et la plupart des recruteurs sont incapables d’entrer en Russie afin d’évaluer de leurs propres yeux certains espoirs en vue du repêchage, alors l’agent de joueurs Daniel Milstein s’est dit qu’il devrait les inviter en Amérique du Nord.

C’est ce qui s’est produit plus tôt ce mois-ci, lorsque Milstein et plusieurs autres agents qui ont de jeunes clients russes ont déroulé le tapis rouge en vue d’un camp d’évaluation en Floride. Celui-ci aurait attiré 31 des 32 équipes du circuit Bettman. Il avait bien sûr organisé quelques camps avant le repêchage, mais celui-ci était le premier à être accessible à l’ensemble des clubs de la LNH.

«C’était salle comble, a dit Milstein à l’Associated Press, en refusant de préciser l’identité du seul club qui se soit abstenu. D’un point de vue du talent, et vous pouvez me citer: Je ne suis pas certain qu’il y avait moins de talent ici qu’au véritable camp d’évaluation des espoirs de la LNH.»

C’est peut-être un peu exagéré, étant donné que le camp d’évaluation annuel des espoirs qui a lieu à Buffalo, dans l’État de New York, avait attiré près de 100 joueurs deux semaines plus tôt, dont le joueur étoile de l’Université de Boston Macklin Celebrini. Celui-ci devrait être le premier choix du prochain repêchage, ce qui signifie que les Sharks de San Jose devraient prononcer son nom en premier sur la scène installée dans ‘La Sphère’ de Las Vegas vendredi soir.

En tête-à-tête

Ce qu’on oublie souvent, c’est à quel point il est important pour les recruteurs de la LNH de rencontrer en personne les espoirs russes — une tâche rendue complexe par les restrictions de voyage au pays de Vladimir Poutine, sans compter l’exclusion de la Russie de toutes les compétitions internationales à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Parmi les espoirs russes les plus convoités se trouve l’attaquant Ivan Demidov, qui occupe le deuxième rang parmi les espoirs internationaux de la Centrale de recrutement de la LNH, et qui devrait être sélectionné parmi les cinq premiers. Faut-il rappeler ici, en qu’en date de mardi, le Canadien de Montréal dispose du cinquième choix à l’encan de cette année?

Le camp ‘Gold Star’ de Milstein, nommé en référence à son agence, comprenait des entraînements sur la patinoire ainsi que des matchs simulés, ce qui n’est pas le cas du camp d’évaluation des espoirs de la LNH. De plus, Milstein a aidé ses clients à apprendre l’anglais depuis un an, dans l’espoir de faciliter l’acclimatation à l’Amérique du Nord.

Sans entrer dans les détails, Milstein a également mentionné que son agence avait identifié une manière d’accélérer le processus d’obtention d’un visa pour que ses clients russes puissent jouer en Amérique du Nord.

«Les jeunes viennent ici, et s’expriment très bien en entrevue. Ils sont en forme. Ils excellent pendant les tests, a évoqué Milstein. Et puisque les camps se déroulent en Amérique du Nord, ils démontrent à la planète entière que, en effet, ils sont venus ici pour faire des affaires. Nous sommes ici parce que nous voulons jouer.»

Le péril russe

Plusieurs dirigeants de la LNH restent néanmoins hésitants à sélectionner un espoir russe. D’abord, parce qu’ils n’ont aucun contrôle sur le développement ainsi que le temps de jeu de leur espoir en Russie, puis parce qu’ils ignorent à quel moment celui-ci fera le saut en Amérique du Nord.

«C’est de toute évidence un pari présentement, a admis un dirigeant de la LNH à l’AP, qui a requis l’anonymat puisqu’il s’agit d’un enjeu délicat. Vous êtes à la merci de son équipe là-bas.»

Le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, Dan Marr, a souligné que certains joueurs qui quittent la Russie craignent d’y retourner.

«C’est une situation très difficile, a convenu Marr. Et n’oubliez pas, nous parlons d’adolescents ici. Ce sont des dilemmes de vie très réels.»

Milstein a reconnu que le risque est plus élevé lorsqu’une équipe sélectionne un espoir russe. C’est d’ailleurs ce qui l’a motivé à organiser ce camp, pour permettre aux dirigeants de la LNH de rencontrer en personne ces espoirs pour discuter de leurs plans d’avenir.

Des problèmes documentés

Les Flyers de Philadelphie ont dû patienter pendant neuf ans avant d’accueillir le gardien de but Ivan Fedotov, à la suite d’un périple complexe, et seulement après que le CSKA Moscou eut résilié son contrat en KHL. Après avoir ratifié son contrat avec les Flyers en mai 2022, l’espoir de 2015 a été transporté par les autorités russes vers une base militaire située au-delà du cercle polaire pour son service militaire.

Les Flyers ont reçu des nouvelles encourageantes dimanche au sujet de leur espoir Matvei Michkov, qui n’est plus sous contrat en KHL et qui pourrait donc se joindre à eux en vue de la prochaine campagne.

Au moins 19 joueurs russes ont été sélectionnés dans chacune des sept rondes du repêchage de la LNH depuis 2017. Vingt-neuf ont même été choisis lors de l’encan de 2021, soit un sommet depuis 2003, alors que le repêchage comptait neuf rondes.

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