Le numéro un mondial Jannik Sinner s’est dit «très déçu et aussi surpris» que l’Agence mondiale antidopage appelle de la décision de le blanchir de toute faute après deux tests positifs.
L’Agence mondiale antidopage (AMA), établie à Montréal, a annoncé samedi qu’elle cherchait une suspension d’un à deux ans pour le champion des Internationaux des États-Unis. Elle a cependant indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de rétroagir sur une éventuelle suspension, ce qui signifierait que Sinner pourrait conserver son deuxième titre du Grand Chelem même s’il était reconnu coupable.
L’annonce a été faite pendant que Sinner disputait son match de deuxième tour contre Roman Safiullin, à l’Omnium de Chine.
«Évidemment, je suis très déçu et aussi surpris de cet appel, pour être honnête, car nous avons eu trois audiences. Les trois audiences se sont toutes très bien déroulées pour moi, a mentionné Sinner après avoir battu Safiullin.
«Je ne m’y attendais pas. Nous parlons toujours de la même chose. Peut-être qu’ils veulent simplement s’assurer que tout est en ordre. Oui, je suis surpris qu’ils aient fait appel.»
Sinner a été déclaré positif à deux reprises à un stéroïde anabolisant, en mars. Il n’a pas été suspendu dans une décision d’un tribunal indépendant, annoncée par l’Agence internationale pour l’intégrité du tennis (ITIA) le mois dernier, car l’ITIA a déterminé qu’il n’était pas à blâmer.
L’explication acceptée par Sinner était que le produit dopant interdit était entré dans son organisme involontairement par l’entremise d’un massage de son physiothérapeute, qui avait utilisé un vaporisateur contenant le stéroïde pour traiter sa propre coupure au doigt.
L’AMA a déclaré avoir déposé un appel, jeudi, auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS), basé en Suisse.
«L’AMA est d’avis que la conclusion qu’il n’y avait ‘pas de faute ou de négligence’ n’était pas correcte selon les règles applicables, a noté l’AMA par voie de communiqué. L’AMA demande une période d’inadmissibilité d’un à deux ans. Elle ne demande pas la disqualification d’un quelconque résultat, à l’exception de ceux déjà imposés par le tribunal de première instance.»
L’AMA a suggéré que les règles n’avaient pas été suivies correctement, bien que le procureur Nicolas Zbinden de l’organisme d’intégrité du tennis – qui a accepté la version des faits de Sinner – soit un avocat qui travaille régulièrement sur des affaires très médiatisées pour l’organisme de surveillance mondial, notamment l’appel réussi contre la patineuse artistique russe Kamila Valieva.
«Il est difficile de voir ce que l’on gagnerait à demander à un autre groupe de trois juges d’examiner à nouveau les mêmes faits et la même documentation, a plus tard exprimé Sinner, dans un communiqué officiel.
«Cela étant dit, je n’ai rien à cacher et, comme je l’ai fait tout au long de l’été, je coopérerai pleinement avec le processus d’appel et fournirai tout ce qui pourrait être nécessaire pour prouver une fois de plus mon innocence.»
Un verdict d’appel au TAS pourrait être rendu rapidement – voire en quelques mois seulement – si les parties acceptent de coopérer. C’est du moins ce qui s’est passé dans une autre affaire de dopage très médiatisée dans le tennis, impliquant Maria Sharapova.
Cependant, l’affaire ne sera probablement pas résolue avant que Sinner commence à défendre son titre aux Internationaux d’Australie, en janvier. Sinner peut continuer à jouer pendant que l’appel est entendu.
Au cours du tournoi d’Indian Wells sur surface dure, en mars, Sinner a été déclaré positif à de faibles niveaux d’un métabolite du Clostebol, un stéroïde anabolisant interdit qui peut être utilisé à des fins ophtalmologiques et dermatologiques. C’est le même médicament pour lequel la vedette des Padres de San Diego Fernando Tatis fils a été suspendu par le Baseball majeur, en 2022.
Sinner a été déclaré positif à nouveau huit jours plus tard, dans un échantillon hors compétition.
Il a été provisoirement suspendu deux fois par l’organisme d’intégrité du tennis en raison de ces résultats de test, mais il a fait appel avec succès à deux reprises devant un juge du tribunal indépendant et il a été autorisé à continuer à compétitionner sur le circuit.
Sinner a fait savoir que les résultats de ses tests étaient dus au fait que son entraîneur de conditionnement physique avait acheté un vaporisateur en vente libre en Italie appelé Trofodermin, qui contenait du Clostebol, et qu’il l’avait donné au physiothérapeute de Sinner pour traiter la coupure à un de ses doigts. Le physiothérapeute a ensuite traité Sinner sans porter de gants.
L’ITIA a souligné avoir accepté l’explication de Sinner, après 10 entretiens avec le joueur et son entourage, et le panel indépendant l’a acceptée lors d’une audience, le 15 août.
La décision de l’organisme d’intégrité du tennis a ordonné à Sinner de perdre les 325 000 $US de prix en argent et les 400 points de classement qu’il avait gagnés lors du tournoi d’Indian Wells.
Sinner a ensuite annoncé qu’il avait congédié ses deux entraîneurs.