Victorieux de Medvedev, Kyrgios s’ouvre sur son état mental

Howard Fendrich, The Associated Press
Victorieux de Medvedev, Kyrgios s’ouvre sur son état mental

NEW YORK — Nick Kyrgios s’est assis dans le vestiaire du Stade Arthur Ashe après avoir mis fin à la tentative de Daniil Medvedev de défendre avec succès son titre aux Internationaux des États-Unis et il a alors ressenti un mélange de fierté et de soulagement.

Fier de sa performance ponctuée de puissants services et de retours solides qui s’est conclue par une victoire de 7-6 (11), 3-6, 6-3, 6-2 contre Medvedev, dimanche soir. Il s’agit de plus récent d’une série de résultats qui ont changé la trajectoire de sa carrière et qui a mené Kyrgios à son premier quart de finale à Flushing Meadows dans la foulée de sa première finale en Grand Chelem à Wimbledon.

Fierté, a-t-il dit, de se sortir de «certaines situations vraiment difficiles, mentalement» et «de certains endroits vraiment effrayants» à l’extérieur du terrain, ce qu’il a révélé pour la première fois en février. Fierté, a-t-il poursuivi, d’avoir réussi à ne plus «se sentir si déprimé tout le temps, de s’apitoyer sur son sort».

Et le soulagement, a poursuivi Kyrgios alors qu’il tripotait la casquette grise des Celtics de Boston qu’il portait lors de sa conférence de presse d’après-match, d’être capable de surmonter la situation quand les projecteurs sont braqués sur soi et que les enjeux sont élevés, «parce qu’il y a tellement de pression chaque fois que je vais sur le court, tellement d’attentes, tellement d’imprévisibilité de ce que je peux faire.»

L’Australien de 27 ans, 23e tête de série, n’avait jamais réussi à franchir le troisième tour aux Internationaux des États-Unis jusqu’à présent, trébuchant à quatre reprises à ce stade de la compétition dans le passé. Il n’a également jamais réussi à transformer son talent incontesté en un formidable tennis avec un semblant de constance dont il fait preuve ces derniers temps.

«Je suis juste content d’avoir enfin pu montrer mon talent à New York, a affirmé Kyrgios après avoir réussi 21 as et utilisé son style va-tout contre Medvedev. Je n’ai pas réussi trop de longs parcours ici.»

Imprévisible

Il a atteint sa première demi-finale de Grand Chelem, puis sa première finale de Grand Chelem, à Wimbledon en juillet, avant de s’incliner face à Novak Djokovic lors du match de championnat. Kyrgios a ensuite remporté son premier titre ATP en trois ans à Washington en août. Il a enchaîné avec une victoire contre Medvedev à Montréal peu de temps après. Il mène le circuit ATP pour le nombre de victoires depuis juin.

Medvedev a comparé la façon dont Kyrgios a joué dimanche au niveau régulièrement atteint par Rafael Nadal, qui possède 22 titres du Grand Chelem, et Djokovic, qui totalise 21 tournois majeurs, mais n’est pas à New York parce qu’il n’est pas vacciné contre la COVID-19 et n’a donc pas été autorisé à se rendre aux États-Unis.

«Il n’a pas manqué grand-chose. Cela ne m’a pas vraiment surpris, a avoué Medvedev. S’il joue comme ça jusqu’à la fin du tournoi, il a toutes les chances de le gagner.»

Ne serait-ce pas quelque chose?

Kyrgios demeure toujours Kyrgios au cours d’un match, et il l’a encore démontré, dimanche soir.

Ignorant le règlement, il a perdu un point de façon bizarre quand il a frappé la balle après avoir traversé le filet pour une volée, puis a célébré ce qu’il pensait être un point formidable en levant un doigt dans un geste pour dire «Je suis no 1».

Au cours de son entrevue sur le terrain, Kyrgios a timidement confié à la foule: «Je n’arrive toujours pas à croire le jeu d’idiot que j’ai fait. Je pensais que c’était légal. Ça va passer partout à la télévision et je vais passer pour un idiot.»

Il a aussi poussé des cris en direction de sa loge d’invités. Il s’est disputé avec l’arbitre de chaise et a reçu un avertissement pour langage grossier. En colère, il a frappé une balle qui a ricoché sur le mur bleu derrière la ligne de fond, qui a failli aboutir au milieu des spectateurs.

Medvedev, quant à lui, avait assez bien joué pour remporter les neuf sets qu’il avait disputés lors de la première semaine du tournoi et semblait prêt à tenter de devenir le premier joueur masculin à remporter des titres consécutifs à New York depuis que Roger Federer a remporté le dernier de ses cinq d’affilée de 2004 à 2008.

Mais le Russe de 26 ans a déclaré qu’il était diminué par un mal de gorge et qu’il «se sentait généralement un peu malade», ce qu’il a attribué à une climatisation trop puissante aux États-Unis.

Désormais, Medvedev — dont la victoire aux dépens de Djokovic lors de la finale de 2021 a mis fin à sa tentative d’un premier Grand Chelem lors d’une année civile au tennis masculin depuis 1969 — devra renoncer au premier rang. Trois joueurs ont une occasion de le remplacer au sommet: Nadal, Carlos Alcaraz et Casper Ruud.

«J’ai l’impression que ce soir était un autre message que le classement n’a pas d’importance», a mentionné Kyrgios, qui rencontrera Karen Khachanov, 27e tête de série, pour une place en demi-finale.

Kyrgios a aussi précisé que s’il avait gagné Wimbledon, il ne se serait peut-être pas présenté aux Internationaux d’Australie. S’il réussissait à remporter un titre du Grand Chelem, pensait-il, la motivation pour en gagner un autre se dissiperait.

Juste avant le début de ce tournoi, Kyrgios s’est assis avec un petit groupe de journalistes et a confié avoir le mal du pays — son frère a récemment eu un enfant; sa mère était malade — et combien il a hâte de retourner en Australie après des mois d’absence. Son match du premier tour serait donc «gagnant-gagnant», avait-il déclaré: «Si je gagne, c’est plus d’argent et un autre excellent résultat. Si je perds, je rentre chez moi.»

Dimanche soir, on lui a demandé s’il pensait toujours de cette façon.

«Trois matchs de plus, possiblement, et nous n’aurons plus jamais à jouer au tennis», a répondu la vedette.

Et Kyrgios a souri d’un large sourire.

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