TORONTO — «BlackBerry» a raflé presque tous les prix lors du gala final des prix Écrans canadiens, remis par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision.
La comédie dramatique a remporté le prix du meilleur film, tandis que Matt Johnson a mis la main sur le trophée de la meilleure réalisation. L’acteur Jay Baruchel a quant à lui gagné le prix de la meilleure interprétation dans un premier rôle d’une comédie.
Se déroulant dans les années 1990 à Waterloo, en Ontario, le film suit l’ascension à la manière d’Icare du terminal mobile BlackBerry et de ses inventeurs. Jay Baruchel incarne le co-fondateur de la société, Mike Lazaridis, et Glenn Howerton, le co-PDG Jim Balsillie.
«Je pense qu’il existe une idéologie dans ce pays selon laquelle on ne peut pas faire les choses que l’on veut et qu’il n’est pas possible de rester au Canada. Je veux vous dire que tout est dans votre tête», a déclaré Matt Johnson en acceptant le prix du meilleur film, s’adressant à de jeunes cinéastes canadiens.
«Ce pays connaît une renaissance, nous avons à nouveau des modèles, et si vous vous y tenez, le Canada aura à nouveau une voix dans le cinéma. Ce ne sera pas nous. Ce film était une blague. Mais ce sera vous.»
Cela porte le nombre de prix Écrans canadiens remportés par ce film à 14, alors que «BlackBerry» avait aussi balayé un récent gala de l’industrie des arts cinématographiques.
«J’ai eu beaucoup de chance d’être invité dans la troupe (de Matt Johnson) et nous avons créé quelque chose de spécial», a déclaré Jay Baruchel vendredi en acceptant son prix dans un blazer rayé avec un short assorti et des chaussettes «Hockey Night in Canada».
«J’espère que tout le monde à la maison pourra voir les poils incarnés», a-t-il déclaré en désignant ses mollets nus. «De rien, Canada.»
Parmi les autres meilleurs films en lice figurent le drame drag «Solo», le film d’horreur de science-fiction «Débordement», la comédie dramatique amoureuse pour adolescents «Vampire humaniste cherche suicidaire consentant», le suspense psychologique «Les chambres rouges» et le drame social «Richelieu».
Un riche palmarès
Pendant ce temps, «Little Bird» a été le grand vainqueur parmi les émissions de télévision, recevant entre autres le prix de la meilleure série dramatique et celui du meilleur premier rôle dans une série dramatique, accordé à Darla Contois. La mini-série a récolté un total de 13 prix au cours de la semaine.
«Je suis tellement excitée de voir autant de jeunes talents autochtones émerger», a déclaré la co-productrice torontoise Jennifer Podemski sur le tapis rouge avant la fête.
«J’ai l’impression que c’était le but de tout ça, l’époque où il n’y avait que moi dans certains lieux (…) et je suis aussi heureuse pour les jeunes de ma série, parce qu’ils sont là pour célébrer et je suis excitée pour eux.»
Les prix attribués à «Little Bird», centré sur l’histoire d’un survivant de la rafle des années 1960 accueilli par une famille juive à Montréal, incluent ceux pour la meilleure interprétation d’ensemble dramatique, la meilleure distribution des rôles et le meilleur rôle de soutien pour Braeden Clarke.
Co-produite par Mme Podemski et Hannah Moscovitch, d’Ottawa, la série met en vedette une distribution et une équipe créative en grande partie autochtone et s’est lancée dans la course avec 19 nominations. Le récit en six parties a battu «Essex County» et «Plan B» de CBC, «Slasher:Ripper» de Hollywood Suite et «Transplant» de CTV dans la catégorie de la meilleure série dramatique.
L’actrice Amrit Kaur, née à Markham, en Ontario, a remporté le prix de la meilleure interprétation dans un premier rôle dramatique et a prononcé un discours passionné appelant à un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas, tout en acceptant le prix pour son rôle dans le film «The Queen of My Dreams».
«En tant qu’artiste, mon travail consiste à ressentir et à faire preuve d’empathie. Et pour ceux qui disent aux artistes de ne pas parler par peur de perdre leur emploi, par peur de perdre leur carrière, par peur de perdre leur réputation, vous nous dites de ne pas être des artistes», a-t-elle déclaré.
Parmi les gagnants de la télévision, on peut citer «Bria Mack Gets A Life» de Crave, qui a battu «Workin’ Moms» de CBC, «Letterkenny» de Crave, «Shelved» de CTV et «Son of a Critch» de CBC pour le prix de la meilleure série humoristique.
«Cela a été l’une des plus grandes réalisations de la série que de pouvoir refléter fidèlement l’expérience des immigrants jamaïcains-canadiens d’une manière contemporaine», a déclaré la créatrice Sasha Leigh Henry en coulisses à propos de son émission qui suit une jeune femme noire naviguant dans la vie avec l’aide d’une amie invisible.
L’animatrice Mae Martin a pris un moment pour plaisanter sur l’état troublé de l’industrie locale du divertissement lors de son monologue d’ouverture, affirmant que plusieurs amis leur avaient envoyé des articles «encourageants» avant l’émission avec le titre «les prix Écrans canadiens peuvent-ils sauver une industrie en mode crise?»
Ce fut certainement le cas des créateurs et de la distribution de «BlackBerry», le film le plus nommé des onze années d’histoire des prix Écrans canadiens, avec 17 nominations.